Clarisse Vaillier : « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour passer ce cap un peu difficile »

Clarisse Vaillier : « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour passer ce cap un peu difficile »

Créateurs ou repreneurs d’entreprises, de nombreux « nouveaux » – tous secteurs d’activité confondus, ont adhéré ces derniers mois à la fédération BTP Rhône et Métropole. L’occasion pour nous de vous les présenter au fil des semaines à venir, avant de pouvoir les croiser au cours d’un événement ou autre réunion.

Clarisse Vaillier et son mari Nicolas ont racheté il y a deux ans l’entreprise « L’art du sol », où Nicolas travaillait depuis huit années comme conducteur de travaux. « L’art du sol », comme son nom l’indique, est une entreprise lyonnaise spécialisée dans la pose et le ponçage de parquets et terrasses. Elle compte quatre salariés.

Pourquoi avoir racheté « L’art du sol » ?

L’ancien propriétaire souhaitait se diriger vers un autre secteur d’activité. Nicolas a naturellement été sollicité pour la reprise, je l’ai accompagné dans le projet. Je suis directrice générale même si j’ai gardé un emploi à l’extérieur, et lui président. Les deux compagnons qui travaillaient à ses côtés sont restés et nous avons une assistante de direction. Il s’agit d’une société créée il y a plus de cinquante ans dans la presqu’ile lyonnaise, qui a une très bonne réputation. Nous avons d’ailleurs conservé notre siège à Lyon, mais déménagé bureaux et entrepôt à Vénissieux. Il devenait trop compliqué de se garer, décharger, et surtout de se faire livrer en centre-ville.   

Quelle est l’activité principale de l’entreprise ?

Nous faisons essentiellement de la pose et de la rénovation de tous types de parquets, massifs, contrecollés et un peu de stratifiés. Nous avons une bonne expertise pour les dégâts des eaux, avec rénovation à l’identique des parquets anciens. Nous ne sommes pas si nombreux à le faire.

Vos clients sont des particuliers ?

En grande majorité, mais aussi certains professionnels comme des restaurants, des théâtres, salles de danse, des régies, ou encore des collectivités qui veulent refaire leur estrade ou la scène de leur salle polyvalente. On nous connaît par le bouche-à-oreille. Nous sommes aussi bien référencés sur Google et enfin nous avons un site Internet qui fonctionne bien. Nous intervenons sur Lyon, la métropole et la région.

Comment se porte l’activité dans votre secteur d’activité ?

Il ne faut pas le cacher, c’est un peu compliqué en ce moment. Nous avons subi des hausses des prix des matériaux très importantes ces deux dernières années liées à la fois aux cours du bois et à l’explosion des coûts de l’énergie, avec des variations de mois en mois, des allongements de délais de livraison et fabrication, et même des ruptures pour certaines essences. Et même si nous travaillons majoritairement avec des bois locaux, français le plus souvent possible ou parfois européens, le bois devient très cher et compliqué à trouver. Il y a aussi les délais de fabrication des parqueteries qui s’allongent.

Avec l’inflation, certains clients renoncent-ils à leur projet ?

Nous n’avons pas connu d’annulation de chantier pour l’instant. Nous constatons cela dit que les budgets sont en effet un peu plus serrés, il y a un peu plus de discussions sur les prix.

Avec ces hausses successives des prix du bois et de la fabrication des parquets, comment procédez-vous pour vos devis ?

Nos prix sont valables entre quinze jours et un mois. La situation est plus complexe dans le cadre de dégâts des eaux car les assurances mettent parfois plusieurs mois voire une année avant d’accepter un devis. Au bout d’un an, nous ne pouvons évidemment pas absorber la hausse des prix au risque de travailler à perte, nous devons renégocier avec les experts.

Comment voyez-vous l’avenir dans ce contexte ?

Nous faisons comme tout le monde dans le métier, il me semble, nous essayons de rester la tête hors de l’eau, le quotidien s’avère compliqué. Nous sommes d’ailleurs de plus en plus sollicités par d’autres entreprises qui cherchent du travail en sous-traitance. On sent bien que la période commence à devenir délicate pour les entreprises de menuiserie et même d’autres corps de métier du Bâtiment. Rien n’est assuré pour les années à venir, mais pour le moment nous sommes là et bien là. Je l’ai dit, notre expertise en matière de rénovation à la suite de dégâts des eaux nous permet de regarder l’avenir avec un peu de sérénité.  

Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre la fédération BTP Rhône et Métropole ?

Nous avons été conseillés par un collègue adhérent qui nous a vanté son réseau et les conseils au quotidien que l’on peut trouver, sur plein de sujets de notre activité. Nous voulons préparer l’avenir. Je ne suis pas à plein temps sur l’entreprise, mais il y a des sujets sur lesquels je souhaite que nous avancions, et nous ferons appel à la fédération. Je pense en particulier à la gestion des déchets. Les textes ont beaucoup évolué ces dernières années, le sujet est devenu complexe, et je voudrais être sûre que nous soyons bien en conformité.

Vous appartenez à quelle chambre ?

A la chambre « Menuiserie Parquets Agencement ». Je suis aussi dans le groupe Jeunes qui se réunit souvent le jeudi ce qui m’arrange, et dans le groupe Femmes où je n’ai pas encore pu me rendre. Le groupe Jeunes dirigeants est très agréable et convivial, les adhérents sont inclusifs, ils s’intéressent vraiment aux nouveaux.

Après deux ans et malgré le contexte, Nicolas et vous restez optimistes ?

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour passer ce cap un peu difficile. Nous avons par exemple beaucoup revu les charges fixes de l’entreprise afin de nous préparer à rebondir les prochaines années. Et personnellement, j’espère à terme pouvoir rejoindre l’entreprise pour la gérer à temps plein.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 30 mars 2023