Jean-Claude Boni : « Il nous faut mieux appréhender les métiers de chacun pour s’entraider sur les chantiers »

Jean-Claude Boni : « Il nous faut mieux appréhender les métiers de chacun pour s’entraider sur les chantiers »

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres et sections en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. 

Jean-Claude Boni, président de PB Constructions (73 collaborateurs), une entreprise familiale créée par son père en 1976, est depuis quelques mois président de la section Clos Couvert. Il succède à Norbert Fontanel, nouveau président de la fédération. Jean-Claude Boni est par ailleurs vice-président de Construire Pro.

Quel a été votre parcours au sein de la fédération ?

Je suis rentré à PB Constructions en 1991, et à la fédération en 1995. J’ai fait mes classes pour aider la profession et rendre ce qu’elle nous donne. J’ai donc commencé par le groupe Jeunes et ensuite l’Office du Bâtiment, le secrétariat de la chambre de Maçonnerie Gros Œuvre et sa présidence pendant cinq ans, et je suis vice-président de Construire Pro.

Quelle est votre feuille de route à Construire Pro ?

Je suis à construire Pro depuis 2005, j’y suis toujours actif car il est essentiel pour nous de faire évoluer les mentalités dans le Bâtiment et de rendre les chantiers plus agréables. Nous venons de mettre en place un nouveau métier : l’animateur chantier dont la finalité est de favoriser les échanges entre tous les intervenants du chantier. Il est aujourd’hui nécessaire d’avoir un facilitateur sur le chantier, avec deux ambitions majeures : construire propre, c’est l’air du temps et cela permet de mieux accueillir les jeunes et de respecter nos clients ; et contrôler les compagnons qui sont sur le chantier avec la carte pro.

Et en tant que nouveau président de la section Clos Couvert ?

Mon rôle est de faciliter la connaissance des métiers du Clos Couvert. Et cette présidence va par ailleurs me permettre de m’appuyer sur mes collègues pour mettre en place Construire Propre dans sa version nouvelle avec l’animateur chantier, et régler ainsi les problèmes récurrents que nous connaissons entre les maçons, les charpentiers, ou les menuisiers : la sécurité et le compte prorata. Améliorer la qualité de nos relations entre intervenants me paraît essentiel. Voilà ce que nous allons essayer d’animer pendant le mandat.

Vous avez réuni les présidents de chambre de votre section ?

Nous avons fait une réunion. J’ai écrit un courrier aux présidents pour savoir s’ils avaient des sujets transversaux à discuter ou à partager, j’attends les retours pour fin juin. Nous allons essayer aussi de mettre un peu de convivialité pour remonter le moral des intervenants, l’idée est que nous appréhendions mieux les métiers de chacun pour s’entraider sur les chantiers. Par exemple le compte prorata divise, tout le monde à l’impression que les maçons tirent la couverture à eux, il faut modifier cette image.

Sera-t-il nécessaire de remotiver les troupes après le long épisode de Covid ?

Oui, d’autant que le secteur du bâtiment et de la construction va mal. Nous allons je pense passer des années difficiles. Il y a un vrai manque de logements et de construction en France, notamment à cause des taux d’intérêt et des hausses des coûts de construction qui obèrent la réalisation de programmes de logements sociaux… Une conjonction de plein de facteurs qui fait que les promoteurs se retrouvent en difficulté, et que nos entreprises vont suivre. Il va donc être important de motiver les troupes et se resserrer les coudes, d’essayer d’être efficace sur nos objectifs, de tenir nos chantiers comme il le faut, de maintenir les coûts de construction et mutualiser certaines interventions pour que cela profite à tous.

La rénovation peut-elle sauver le marasme du neuf ?

La rénovation pourrait peut-être nous aider, mais elle coûte cher et les aides ne sont pas si nombreuses. J’ajoute que dans les copropriétés, il est compliqué de voir tout le monde se mettre d’accord puisqu’il faut la majorité absolue. En réalité, elle ne démarre pas aussi vite que l’on souhaiterait.

Quelle pourrait être votre action sur la problématique du recrutement ?

C’est vraiment le sujet du moment. Mon action sera de faire le suivi de ce qu’impulse notre président de fédération. L’image de nos chantiers est essentielle pour ramener les jeunes. A nous de mettre en valeur nos différences au sein de nos métiers pour attirer le plus de jeunes possible en fonction de leurs affinités. Mon rôle sera d’appuyer toutes les actions de BTP Rhône et de relayer les actions des présidents de chambre.

Dans le contexte difficile que vous soulignez, il y a place pour de l’optimisme ?

L’important est de rechercher des valeurs ajoutées dans le bâtiment. Mais il est essentiel pour nos entreprises de se battre à armes égales, lutter contre le travail illégal et mettre en avant les qualifications professionnelles pour rester compétitifs. Il faut y croire, c’est la raison pour laquelle je veux mettre en place Construire Pro sur les chantiers, montrer aux maîtres d’ouvrage qu’on peut faire du contrôle et travailler équitablement en qualité et sécurité.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 29 juin 2023