Baptiste Murati : « Si nous prenions un peu de recul, nous ferions peut-être mieux »
Le tout nouveau président de la chambre Charpente-Toiture de BTP Rhône est le gérant d’une entreprise de couverture-zinguerie située dans le Beaujolais… tout comme son prédécesseur, Thierry Vouillon. Compagnon du Tour de France, Baptiste Murati a racheté en 2018 la société Esnault, fondée en 1967 par Charles Esnault et dirigée ensuite par son fils Gilles, qui a fait valoir ses droits à la retraite. Murati-Esnault compte aujourd’hui une dizaine de salariés, dont bien sûr nombre de compagnons.
Quelle sera votre feuille de route en tant que président de la chambre Charpente-Toiture ?
D’abord la continuité : suivre ce qui a été initié par Thierry Vouillon, qui m’a d’ailleurs sollicité pour prendre sa suite, mais aussi par son bureau, auquel j’appartenais. Travailler aux côtés de personnalités comme Jean-Christophe Le Ny, Vincent Charroin et bien sûr Thierry, avec leur aura et leur vision de la vie, m’a beaucoup apporté. Je tiens donc en premier lieu à resserrer les liens des membres du bureau – nous venons de faire une visite de chantier réalisée par l’entreprise Le Ny – et à remobiliser les 83 adhérents que compte la chambre.
Comment faire pour motiver des adhérents qui, comme vous le savez, ont souvent « la tête dans le guidon » ?
Je pense que l’épisode du Covid nous a isolés. Nous sommes et restons dans notre bulle : chacun fait son travail dans son coin, sans prendre le temps d’aller voir l’artisan voisin, de discuter avec lui. C’est vrai, nous avons tous « la tête dans le guidon », mais nous n’avons qu’une vie et, si nous prenions parfois un peu de recul, nous pourrions voir différemment les choses et ferions peut-être mieux. Être à la fédération, où il n’y a pas que de grosses entreprises contrairement à ce que beaucoup pensent, participer à nos rencontres, c’est déjà une façon de prendre du recul et, je le répète, cela peut apporter beaucoup.
Alors, plus précisément, savez-vous déjà ce que vous allez proposer ?
Mon mandat portera beaucoup sur la transmission, sur les jeunes, sur la mise en avant de notre métier, comme nous l’avons fait en juin avec l’organisation et le soutien de nos fournisseurs de la remise de médailles et d’outils à quelques-uns de nos jeunes apprentis. La cérémonie deviendra annuelle, avec, je l’espère, la participation de tous nos adhérents, même s’il faut les appeler un par un pour les motiver. Thierry l’a bien souligné dans son discours ce jour-là : nous sommes une famille, les adhérents entrent dans une famille, essentielle notamment dans ces périodes difficiles. Il faut qu’on se réveille !
Vous allez créer d’autres événements de Charpente-Couverture ? Des réunions thématiques ?
Avec le bureau, nous allons plutôt privilégier des visites de chantiers ou d’ateliers, ce qui se fait déjà dans d’autres chambres et attire beaucoup de monde. Nous ne nous connaissons pas assez : il faut parvenir à attirer, captiver et discuter avec nos amis adhérents. L’important, je le répète, c’est notre cohésion. Elle fera notre force et nous permettra de nous entraider, comme dans une famille.
Dans une famille, on ne se dit pas toujours tout. Comment porter assistance et accompagnement à ceux qui n’avouent pas être en difficulté ?
C’est vrai que demander si « ça va » ne suffit pas. L’artisan n’aime pas se livrer, il a son ego et sa fierté. Et puis les chefs d’entreprise doivent tout faire : de l’humain avec les compagnons, être un peu psy, du commercial, du technique, de l’administratif, gérer la pression, les « emmerdes », assurer sa trésorerie… Nous ne sommes pas des supermen, juste des êtres humains. Et il arrive que nous puissions avoir un peu honte d’être submergés. À nous tous de communiquer, de repérer ceux qui sont en difficulté et de les aider…
Comment se porte l’entreprise Murati-Esnault dans ce contexte économique ?
Bien. Nous avons une belle clientèle et une belle équipe de dix compagnons, dont des apprentis, bien sûr. Nous venons de créer une filiale, DEPEX Toitures, à Fleurie : une entreprise de dépannage, d’entretien et de réparation de couvertures, qui compte déjà trois salariés. Il faut se remettre sans cesse en question. C’est la clé.
À lire dans l’édition du 18 décembre 2025 du Journal du BTP
Publications similaires :
- « Nous pourrons compter sur un niveau sans précédent d’investissement de l’ordre de 4,5 milliards », David Kimelfeld
- Face au Covid-19, le BTP appelle à la solidarité économique #surcoutsdechantier #btp
- Pour préserver les emplois, les acteurs de la construction ont besoin de vous
- Il semble que les particuliers retirent de l’épisode covid l’envie d’investir dans leur patrimoine, Thierry Vouillon, Président de la chambre de Charpente Toiture
