Patrice Rubaud : « Je conseille de ne pas hésiter à se mettre à son compte »

Créateurs ou repreneurs d’entreprises, de nombreux « nouveaux » – tous secteurs d’activité confondus – ont rejoint ces derniers mois la Fédération BTP Rhône. L’occasion pour nous de vous les présenter au fil des semaines, avant de pouvoir les croiser lors d’un événement ou d’une réunion.

Patrice Rubaud, 50 ans, électricien de formation, a créé son entreprise en 2018. Installé à Lamure-sur-Azergues, il réalise avec son compagnon tous types de travaux d’électricité, essentiellement pour les particuliers. Interview.

Pourquoi vous être lancé, à un peu plus de quarante ans, dans la création d’entreprise ?
Il s’agit d’une reprise, à Lamure-sur-Azergues, où j’habite depuis une vingtaine d’années. Je savais que l’ancien propriétaire allait partir à la retraite. Nous sommes tombés d’accord sur le prix de rachat de son fonds, et je me suis lancé. Un coup de folie… Mais cela faisait des années que je pensais à me mettre à mon compte. C’était le bon moment pour moi.

Quelle est votre formation, et que faisiez-vous avant de vous mettre à votre compte ?
J’ai un BTS en climatisation obtenu en alternance chez Carrier. J’ai ensuite travaillé dans quatre autres entreprises, où j’ai combiné automatisme du chauffage et électricité.

Vous avez commencé tout seul ? Quels ont été vos premiers clients ?
Non, j’ai tout de suite pris un compagnon, qui est toujours de l’aventure. Les premiers clients sont venus par le bouche-à-oreille : des habitants du secteur de Lamure que nous connaissions. Et puis nous nous sommes assez vite développés. Nous avons du travail depuis 2018.

Quelle est votre activité principale ?
Nous faisons de l’électricité générale, pour les particuliers à 90 %, jusqu’à 50 kilomètres autour de Lamure, et parfois jusqu’à Lyon si les clients le souhaitent.
Nous intervenons principalement en rénovation : de la pose d’un lustre à la réfection complète des réseaux d’une maison. Un peu de neuf également, avec des architectes d’intérieur. Nous posons aussi des panneaux solaires depuis 2022, avec toutes les qualifications nécessaires. Notre fournisseur est une entreprise de l’Est lyonnais : leur SAV est sérieux. Pour le reste, nous suivons la demande : portails électriques, volets roulants, portes de garage, en partenariat avec l’entreprise Somfy. Nous sommes très diversifiés.

Vous intervenez en dépannage ?
Pour nos clients, oui. C’est indispensable. Le samedi, voire le dimanche, si nous sommes présents. En réalité, nous ne refusons jamais rien. S’il y a une ferme qui nous appelle pour une panne, s’il faut aller dans le fumier, nous y allons. Mais nous ne faisons pas de dépannage 24h/24 : à deux salariés, ce n’est pas possible. Les journées sont déjà bien chargées, de 5h30 à 19h–19h30…

Souhaitez-vous vous développer ? Prenez-vous des apprentis ?
Je ne souhaite pas nous développer trop vite ni passer ma vie au bureau. Cela dit, je ne suis pas du tout contre l’idée de prendre un apprenti. L’occasion ne s’est simplement pas encore présentée. Il faut trouver la bonne personne…

Le métier d’électricien évolue-t-il rapidement ? Les techniques changent-elles ?
C’est globalement stable, même si aujourd’hui on « sort moins le tournevis », car les matériaux, eux, progressent vite. On se forme au fur et à mesure avec notre fournisseur.

Le contexte économique est compliqué. Ressentez-vous une baisse d’activité ?
On se maintient. Le carnet de commandes est plein et nous avons une bonne visibilité. On sent bien que c’est moins facile qu’il y a un an, mais nous sommes satisfaits et confiants, même s’il y a de la concurrence sur notre secteur d’activité. Il y a du travail pour ceux qui en cherchent.

En un mot, regrettez-vous de vous être lancé ? D’avoir quitté la relative tranquillité du salariat ?
Aucun regret ! Même si, ramené au taux horaire, je gagne moins bien ma vie, ce n’est pas ainsi qu’il faut évaluer les choses. C’est un choix de vie. Je conseille à tout le monde de ne pas hésiter à se mettre à son compte, pour peu, bien sûr, de ne pas craindre de faire 70 heures par semaine.

À lire dans l’édition du 12 juin 2025 du Journal du BTP