
Encore une belle histoire, comme le BTP peut nous en offrir. Une histoire qui a demandé – et demande encore – de l’audace, de l’engagement (beaucoup d’engagement), du savoir-faire, et une once de confiance en soi pour affronter les obstacles. Une histoire en mouvement, puisque le chemin emprunté par Loïc Charvet, 54 ans, aujourd’hui à la tête de la menuiserie Flacher à Lentilly et de l’entreprise Martinod à Songieu, dans l’Ain, est encore à défricher, avec des projets et des ambitions affichés.
Comment êtes-vous devenu le patron de l’entreprise de menuiserie Flacher ?
J’ai racheté l’entreprise en 2012, il y a treize ans. J’avais envie d’avoir mon propre outil de production, de pouvoir décider seul de ce que je voulais faire ou ne pas faire. C’était un peu illusoire : dans les faits, on reste toujours un peu prisonnier de son entreprise.
Quel a été votre parcours avant ce rachat ?
J’ai passé un BTS Agencement à La Mache, puis j’ai travaillé dans plusieurs secteurs d’activité comme la construction navale ou l’événementiel. J’ai également été associé dans une entreprise de négoce de bois et de produits dérivés, une expérience qui m’a permis de me former au fonctionnement d’une entreprise.
Revenons à 2012. Avez-vous pu garder le personnel de la menuiserie ?
Seulement deux des quatre salariés encore présents à l’époque. J’ai racheté une entreprise sur le déclin : il a fallu reconstituer une équipe, retrouver une clientèle, revoir l’outil de production, mettre en place un système informatique. Les débuts ont été difficiles. Nous sommes repartis de zéro.
Comment avez-vous fait pour la redresser ?
Nous sommes des fabricants de menuiseries extérieures en bois : fenêtres, portes, portes-fenêtres, portes d’entrée, portes d’immeubles, coulissants, façades de magasins… Nos clients sont des installateurs, des poseurs, qui ont besoin de réactivité, de disponibilité, de délais tenus — parce que leurs propres clients attendent la même chose. J’ai donc décidé de rester en permanence accroché à mon téléphone ou à mon ordinateur, afin de répondre à toutes les sollicitations. Pour les devis, idem : nous répondons sous 24 heures. Les clients sont revenus grâce au bouche-à-oreille, avec l’aide de quelques fournisseurs aussi, et grâce au savoir-faire de l’équipe. Nous aimons les « moutons à cinq pattes »…
Vous êtes combien aujourd’hui à Lentilly ?
Une dizaine de salariés. Au bout de dix ans, avec le développement de l’activité, nous nous sommes retrouvés à l’étroit. Comme nous n’avons pas pu nous agrandir sur place ni trouver de terrain, j’ai racheté la menuiserie Martinod, dans l’Ain, à la frontière avec la Haute-Savoie. J’ai changé son modèle économique : l’entreprise s’est recentrée sur la fabrication de menuiseries extérieures, comme Flacher à Lentilly.
Comment se porte l’activité dans votre secteur ?
Nous sommes portés par les besoins en isolation des clients de nos clients, qui recherchent des économies d’énergie. Et aussi par le retour en grâce du bois, qui regagne depuis quelques années des parts de marché sur le PVC ou l’aluminium.
Le bois, c’est écologique, renouvelable, recyclable. C’est le meilleur matériau sur tous les critères — il demande juste un peu d’entretien. Mais avec nos nouveaux procédés de peinture, le bois résiste parfaitement dans le temps.
Quels nouveaux procédés ?
Nous livrons aujourd’hui nos menuiseries traitées IFH (Insecticide, Fongicide, Hydrofuge), lasurées ou peintes à l’atelier. Avant, elles étaient peintes une fois installées. La finition est donc impeccable, et tant que la peinture ne s’écaille pas, le bois reste parfaitement solide. J’ajoute que ce sont des robots qui usinent les pièces de bois qui composent la menuiserie. L’ajustement est d’une grande précision. Bref, le bois redevient concurrentiel.
Comment voyez-vous l’avenir ?
J’ai l’ambition d’être un acteur de référence de la menuiserie en Rhône-Alpes. Nous avons un bel outil, sur deux sites, et nous pouvons accompagner nos clients sur tous leurs projets. Et puis, je souhaite être un ambassadeur de notre filière vertueuse auprès des jeunes.
À lire dans l’édition du 12 juin 2025 du Journal du BTP
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