Richard Gros : « Nous établissons une carte de tous les métalliers qui recrutent dans le Rhône »

Richard Gros : « Nous établissons une carte de tous les métalliers qui recrutent dans le Rhône »

Au sein de la fédération BTP Rhône-Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. 

Richard Gros, PDG d’Ekoalu, est depuis décembre 2022 le nouveau président de la chambre des « Métalliers Acier et Alu » qui compte une soixantaine d’adhérents. Ancien membre du bureau, il prend la suite de Serge Buniazet.

Quelles sont les activités couvertes par la chambre « Métalliers Acier Alu » ?

Derrière le mot « métallier » il y a plusieurs métiers : des anciens serruriers ; des métalliers au sens acier du terme, qui coupent et soudent une menuiserie, une fenêtre ou un garde-corps ; et nous avons aussi beaucoup d’aluminiers, qui fabriquent sur base alu. La différence principale entre l’acier et l’aluminium est que le premier se soude alors que le second est serti ou vissé. Et comme nos collègues aluminiers ne se sentaient pas toujours au centre des discussions au sein de la chambre, j’ai proposé que l’on modifie très légèrement notre nom, nous sommes passés de chambre « Métallerie » à chambre « Métalliers Acier et Alu ».

Vous avez tout de même des problématiques en commun ?

L’essentiel est commun, nous réalisons d’ailleurs des ouvrages très proches et il y a évidemment des synergies fortes entre ces métiers-là, mais sur la technique et les normes, des différences existent. Changer de nom, ce n’est pas seulement de la sémantique, nous voulions vraiment que les sujets abordés à la chambre prennent bien en compte les problématiques de chacun. D’autant que l’aluminium représente en valeur une partie importante de l’activité de nos adhérents.

L’aluminium a le vent en poupe, il est en train de supplanter le PVC ?

Le PVC est un peu moins à la mode aujourd’hui pour plein de raisons, la dernière en date avec la RE 2020, est son bilan carbone, vraiment pas optimum. Au-delà de cela, l’aluminium offre des caractéristiques de finesse des profils, d’esthétique, de durabilité, qui font que depuis plusieurs années le PVC est en perte de marchés.

Quels sont vos axes de travail pour ce mandat ?

La chambre des métalliers a toujours été très active. Serge Buniazet a fait un très bon travail pour que les adhérents soient présents à nos rendez-vous, mais le Covid a mis un frein à l’assiduité. J’ai donc commencé à recontacter personnellement tous les adhérents pour leur réexpliquer pourquoi il est important de se voir régulièrement… Lors de la dernière AG chez Lenoir Métallerie nous avons d’ailleurs pu constater que le taux de présence repartait déjà à la hausse. Il y a tellement d’intérêt à se voir que les adhérents comprennent vite qu’il faut dégager du temps dans une période pourtant difficile. Et nous essayons de travailler sur ce qui nous intéresse tous, notamment le recrutement.

Que peut faire votre chambre pour favoriser le recrutement ?

Nous sommes en train d’établir une carte de tous les métalliers qui recrutent dans le Rhône, afin d’être plus visibles, puisque la proximité est un atout important pour les jeunes qui nous rejoignent. Si nous disposons d’un support de ce type dans les salons comme le Mondial des Métiers, les forums, et autres, nous aurons un outil très intéressant pour orienter les jeunes sur la bonne entreprise. Nous avons procédé à un appel à candidature des entreprises qui veulent y figurer, les maquettes s’affinent, ce sera prêt pour la fin de l’année.

Votre éventail de recrutement est très large, vous ouvrez vos portes malgré la technicité de vos métiers à ceux qui souhaitent se réorienter ?

Tout à fait. C’est un mouvement de fond dont il faut profiter. Il y a beaucoup de gens qui se posent des questions de sens sur leur métier et qui se réorientent vers les métiers manuels. Il faut être à l’affut de ce genre de postulants qui sont en général de très bons candidats. A l’atelier, nous avons en ce moment deux menuisiers-bois en reconversion alu.

D’une manière plus générale, comment régler ces problèmes de recrutement ?

Le problème n’est pas tant d’embarquer des jeunes sur nos métiers que d’avoir le contact. Nous essayons donc de multiplier les occasions d’avoir des contacts. Le Mondial des Métiers en fait partie, les interventions du CRHBTP également. Nous allons lancer des campagnes plus axées sur les réseaux sociaux pour montrer des exemples de jeunes de nos entreprises qui se sentent bien dans nos métiers. Nos propositions sont tellement variées et riches qu’il est compliqué de ne pas trouver ce qui les intéresse. L’objectif n’est pas tant de convaincre les jeunes que leurs parents et prescripteurs par exemple sur LinkedIn. Je suis optimiste, les métiers manuels vont revenir à l’ordre du jour.

Comment se porte l’activité dans les secteurs que couvrent vos adhérents ?

Aujourd’hui notre problème principal c’est le recrutement, mais demain notre risque sera sans doute plus le carnet de commandes. Avec la crise du logement, les sujets de demain pourraient ne plus être les mêmes.

C’est compliqué pour le neuf, mais il y a la rénovation ?

Oui, c’est soutenu en rénovation, sauf que la hausse des prix et des taux d’intérêt, risquent de freiner la demande, notamment chez les particuliers. Les grosses sociétés de tertiaire, elles, devront rénover leurs bâtiments et sont poussées à le faire avec la hausse du coût de l’énergie. Celles qui en ont les moyens vont entamer des stratégies de rénovation importantes. Ce sera un vrai marché.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 8 juin 2023