
Parce que diriger une entreprise, gérer du personnel, n’est pas forcément inné ; parce que montrer le chemin, faire passer les messages, n’est pas si simple ; parce que l’apprentissage dans le BTP favorise souvent le geste et la technique ; parce que les mentalités évoluent et que les méthodes de management doivent suivre… la réunion « Développer son leadership », du 6 mai dernier à la Maison du BTP, était attendue et a été particulièrement bien suivie par de nombreux adhérents.
À la manœuvre : Amaya Fabregoule, formatrice*, « plus de 20 ans manager et directrice d’équipes de relations clients », qui arpente depuis trois ans la région avec ce genre de rencontres, notamment pour la FFB. Interview.
Comment organisez-vous votre intervention ?
Je propose une formation qui combine un apport théorique – c’est la partie présentation -, et je laisse très vite s’exprimer ceux qui le souhaitent. Chacun a des choses à partager, ce qui me permet de rebondir sur des cas très concrets. Les adhérents de la fédération n’hésitent pas à évoquer devant leurs collègues les difficultés rencontrées. J’apprécie beaucoup cette dimension, qui permet au reste de l’assemblée de réagir en partageant des solutions ou de simples astuces. Il y a donc ce que je peux apporter, mais aussi ce que les échanges permettent de faire émerger.
Quels sont les conseils que vous avez pu délivrer en deux heures ?
L’essentiel des apports sur une durée aussi courte tourne autour de la communication : savoir dire les choses à ses équipes pour que ce soit impactant, tout en maintenant la qualité de la relation. J’aborde également la gestion des situations difficiles, une problématique très attendue par les participants.
Pour communiquer, les chefs d’entreprise ont besoin d’être accompagnés ?
Dans tous les cas, il est important de connaître les fondamentaux du management. Car même si quelqu’un a des prédispositions pour le leadership, il peut commettre des erreurs simplement parce qu’il ne dispose pas de toutes les clés. L’important est de ne pas hésiter à se former. Il existe des organismes qui financent tout ou partie des formations ; elles durent deux ou trois jours et permettent de passer rapidement à la mise en pratique. Oui, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner.
Avec un coach ?
Nous venons d’évoquer la formation. Elle apporte méthode et outils : c’est une forme d’apprentissage. Mais certains chefs d’entreprise peuvent faire face à des blocages d’ordre personnel. Dans ce cas, le coaching devient pertinent.
L’obstacle principal à un bon leadership n’est-il pas le manque de temps ?
Quand on gratte un peu, le manque de temps est souvent une manière de masquer le « je ne sais pas faire ». Il est fréquemment mis en avant lorsque je propose, par exemple, de mettre en place des feedbacks réguliers avec chacun des collaborateurs. En réalité, ils ne savent pas trop comment s’y prendre, ils ne disposent pas des méthodologies : je suis là pour les guider sur ce point.
Beaucoup d’artisans disent « ne pas vouloir grossir », souvent pour ne pas être dépassés par les problèmes de gestion du personnel. Avez-vous constaté la même défiance ?
Ils cherchent d’abord à fidéliser leurs collaborateurs, ce qui est compréhensible dans un contexte où le recrutement est difficile. Comment faire ? On observe aussi, dans ce même contexte, une certaine appréhension à gérer des personnalités complexes, des personnes à qui l’on a du mal à faire faire ce que l’on voudrait. Pourtant, il existe des moyens de dire les choses délicates tout en préservant la relation. Par ailleurs, les chefs d’entreprise portent la responsabilité des salaires de chacun, et ne pensent souvent qu’à une chose : faire rentrer des contrats. Or, il faut aussi songer à la stratégie : le dirigeant doit… diriger.
Mais le leadership se travaille, voilà la bonne nouvelle. Si l’on veut « grossir », il ne faut pas hésiter à demander des conseils (je leur propose d’ailleurs de m’appeler en cas de besoin) et à se former.
*Amaya Fabregoule, formatrice pour l’organisme Evo’Ventes intervient pour les fédérations départementales et régionales pour le compte de la FFB.
À lire dans l’édition du 29 mai 2025 du Journal du BTP
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