Une bonne initiative, à dupliquer et étendre. La chambre des Carreleurs de la fédération BTP Rhône a réuni il y a quelques semaines des chefs d’entreprise de carrelage et des futurs carreleurs, élèves et apprentis du CFA BTP de Dardilly et du Lycée Professionnel Tony Garnier de Bron.
Une cinquantaine de personnes se sont ainsi retrouvées à la Canopée, résidence de Lyonso Basket, le club de Nationale 1 d’Oullins-Pierre-Bénite, pour une après-midi d’échanges et de sport. Rencontre avec François Bourdier, directeur général de la Rhodanienne de Carrelage (Vénissieux), 50 salariés, et Président de la chambre « Carrelages Mosaïques et Revêtements de sols spéciaux » de la section Finition.
François Bourdier : « Il faut recruter des apprentis et leur apprendre le geste »
Est-ce parce que les entreprises de carrelage éprouvent des difficultés à recruter que vous avez organisé cette rencontre originale ?
Les entreprises de carrelage ont en effet du mal à recruter. Nous recherchons tous le candidat idéal : 40 ans, 15 ans d’expérience, motivé… bref un profil qui est bien souvent déjà en entreprise ou installé à son compte. Il nous faut donc attirer des jeunes dans notre métier et les former. Carreleur est un beau métier qui permet d’allier technique et esthétique. Ce que nous réalisons se voit et engendre de la fierté. J’ajoute que si le jeune a envie de travailler et de s’investir, il aura des perspectives de carrière et des rémunérations bien supérieures à d’autres professions.
Le métier a-t-il beaucoup évolué sur la pénibilité ?
Cela reste un métier physique, il ne faut pas le nier. Néanmoins, nous avons beaucoup progressé sur les aides à la manutention et sur l’outillage. Lifts, ascenseurs, grues de camions… les chantiers ne sont quasi plus approvisionnés à la main. Et puis, nous favorisons le travail en équipe ce qui répartit mieux la charge.
Quel message vous ont délivré les apprentis lors de cette journée ?
Ils nous ont demandé de leur permettre de trouver des stages et des contrats d’apprentissage. Ils souhaitent trouve le soutien de véritables « maitres d’apprentissage », attentifs, qui ont envie de s’occuper d’eux et ne les abandonnent pas à des tâches subalternes, comme le balai, le transport de carreaux ou les joints. Il est de notre devoir de leur apprendre le métier en passant par toutes les phases de l’apprentissage : poser du carrelage, mal le poser, le déposer, et recommencer. Nous devons transmettre le Geste. Il en va de la pérennité de notre métier et du devenir de notre profession.
Donc à vous de former vos compagnons à former les apprentis ?
Nous avons du travail en ce sens. Nous avons de la pédagogie à effectuer en interne vis-à-vis de nos chefs d’équipe pour qu’ils accompagnent les jeunes dans tous les sens du terme. Il existe d’ailleurs une formation de maîtres d’apprentissage à la fédération que trop peu de chefs d’entreprises et artisans utilisent.
Vous avez souligné le fait que le métier était devenu très technique. Quelle est la spécificité du carreleur ?
Nous avons trois métiers en un. La pose de carreaux, de plus en plus grands, la réalisation de chapes qui a beaucoup évolué avec les chapes liquides synonymes de moins de pénibilité, et puis la projection de mousses polyuréthane, des mousses isolantes qui se projettent au sol pour des planchers chauffants, des récupérations de niveaux ou pour isoler thermiquement.
Quelles sont vos relations avec les écoles ?
Nos relations avec le CFA de Dardilly et le Lycée de Bron sont bonnes mais trop distantes. Nous devons nous rapprocher, les formateurs comme les jeunes sont demandeurs de notre appui. Nous essayons de les accompagner, notamment en leur fournissant des matériaux et du matériel, puisqu’elles souffrent d’un manque de dotations. C’est d’ailleurs pour moi l’occasion de rappeler aux chefs d’entreprises qu’il nous faut prendre des stagiaires, des apprentis, même si en période de crise nous avons la tentation de freiner les recrutements.
À lire dans l’édition du 19 décembre du Journal du BTP
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