Stéphanie et Nicolas Pina : « Nous sommes à la recherche de main d’œuvre. Et cela devient urgent »

Stéphanie et Nicolas Pina : « Nous sommes à la recherche de main d’œuvre. Et cela devient urgent »

Créateurs ou repreneurs d’entreprises, de nombreux « nouveaux » – tous secteurs d’activité confondus – ont rejoint ces derniers mois la fédération BTP Rhône et métropole. L’occasion pour nous de vous les présenter au fil des semaines, avant de pouvoir les croiser au cours d’un événement ou autre réunion.

Stéphanie et Nicolas Pina, 42 et 43 ans, ont créé l’entreprise Zinc et Toit le 1er avril 2011. Installés aujourd’hui au Bois d’Oingt, ils ont à leurs côtés un compagnon depuis huit ans et un apprenti. Leur spécialité, c’est le zinc, tout le zinc, et une obsession pour le travail bien fait. Ils ont adhéré à la chambre Charpente juste avant l’été. Interview en duo.

Stéphanie, qu’est-ce qui vous a pris de créer une entreprise de couverture-zinguerie ?

C’est l’histoire de deux reconversions professionnelles. Nicolas a obtenu un BTS Plastique et Composites, et il a fait une école supérieure de commerce. Il a bifurqué dans la couverture-zinguerie et s’est formé chez les compagnons du devoir. Et de mon côté, j’étais coiffeuse à la base. C’est donc une reconversion pour moi aussi, j’ai suivi le GEAB (Gestion des entreprises du Bâtiment) et un DU pour tout ce qui est formation juridique dans le Bâtiment à raison d’une journée par semaine.

Nicolas, pourquoi monter sur les toits alors que vous étiez bien au chaud dans une école de commerce ?

Je ne trouvais pas mon compte dans ce que je faisais, je travaillais chez Decathlon, où j’avais fait mon alternance, et ne trouvais pas forcément de sens à mon travail. Mon père étant plombier, travailler dans le Bâtiment me trottait dans la tête depuis un moment. Et la zinguerie, c’est vraiment le hasard, on m’a juste déconseillé la plomberie et vanté la zinguerie. Il se trouve que c’était le bon choix. J’ai eu la chance de trouver un patron qui m’a embauché comme manœuvre et payé des formations chez les compagnons du Devoir. Je ne suis pas Compagnon, mais j’ai bénéficié d’une excellente formation.

Comment avez-vous commencé ?

Nous sommes partis un peu la fleur au fusil, très basiquement, avec nos économies. J’ai commencé tout seul, il y a eu ensuite des apprentis, puis des va-et-vient d’ouvriers. Stéphanie nous a vite rejoints, une journée par semaine au début. Pour travailler, nous avons fait de la publicité sur un magazine de l’Ouest lyonnais très local, qui nous a permis d’avoir beaucoup de retours. Et puis j’avais un chantier pour démarrer, les parents d’un ami… Les recommandations et le bouche à oreille ont fait le reste.

Quels sont vos donneurs d’ordre aujourd’hui ?

Principalement des particuliers, quelques architectes, un peu de régie, et puis des investisseurs. Nous faisons essentiellement de la rénovation en couverture, un peu de charpente aussi quand nous savons faire, mais le zinc est vraiment notre cœur de métier.

Où êtes-vous installés et combien êtes-vous ?

Au Bois d’Oingt. Nous sommes en train de monter un atelier, dans un entrepôt que nous rénovons. Nous sommes tous les deux, nous avons un compagnon depuis sept-huit ans, un jeune que nous avons formé, et un apprenti. Nous sommes obligés de passer par la formation pour avoir du personnel. Ça ne se passe pas toujours de manière idyllique, le métier est parfois jugé trop compliqué.

Donc vous recrutez ?

Oui, nous sommes à la recherche de main d’œuvre. Et cela devient urgent. On ne trouve personne. Il nous faudrait quelqu’un qui sache travailler pour épauler notre chef d’équipe. L’entreprise est en train de se développer, nous vivons plein de choses positives malgré le contexte un peu tendu. Et nous avons donc vraiment besoin d’une paire de bras supplémentaire.

Vous ne trouvez personne ?

Nous avons tout essayé, les agences d’intérim, les écoles, les centres de formation, les réseaux sociaux, les compagnons, nous sommes même passés par un cabinet de recrutement… Et nous avons eu qu’un seul retour. Notre souhait est de créer un vrai groupe, il y a chez nous une très bonne ambiance de travail, nous tenons à garder cet état d’esprit, car nous allons passer beaucoup de temps ensemble, il faut que ce soit dans de bonnes conditions. Pour nous il n’y a pas que le salaire, même si c’est important, le bien-être au travail est essentiel.

Pourquoi recruter dans un contexte aussi tendu ?

On sent qu’il y a une baisse d’activité, nous recevons moins d’appels, mais nous avons toujours beaucoup de travail, nous avons largement de quoi faire.

Alors comment faites-vous ?

Nous sommes contraints de travailler avec des sous-traitants, que nous connaissons vraiment bien, mais ce n’est qu’une solution provisoire et ponctuelle.

Allez-vous proposer la pose de panneaux photovoltaïques comme beaucoup de vos collègues ?

Pour l’instant, non, nous sommes à flux tendu. Nous allons déjà essayer de faire bien ce que nous savons faire, après pourquoi pas… Nous nous ne donnons pas vraiment de limites, développer l’ossature bois nous plairait aussi beaucoup, ou encore le marché des conduites de fumée qui pourrait aller avec notre activité. Mais pour l’instant, sans se répéter, nous sommes vraiment à flux tendu, et comme il y a de moins en moins de zingueurs, pourquoi pas se spécialiser vraiment, tout est ouvert. L’envie, la motivation, les idées de développement sont là. Maintenant, il faut assurer de bonnes bases, et pour avoir ces bonnes bases, il faut d’abord construire une bonne équipe.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 23 novembre 2023