Edouard Poisson : « Je souhaite que notre groupe reste un lieu de convivialité, de respiration »

Edouard Poisson : « Je souhaite que notre groupe reste un lieu de convivialité, de respiration »

Lors du passage de témoin entre Oriane Viguier et vous-même à la présidence du Groupe Jeunes Dirigeants, vous aviez évoqué vouloir travailler sur la formation avec un grand « F », pour pallier le problème récurrent du recrutement, mais aussi sur les solutions apportées par la Carsat, l’Urssaf et autres pour accompagner les entrepreneurs et artisans « puisque des années difficiles se profilent ». Avez-vous pu avancer sur ces deux thèmes ?

Nous avons surtout insisté, afin de suivre au plus près les problématiques de nos adhérents, sur les aides apportées aux entreprises. Il y avait une vraie demande, bien compréhensible dans les moments compliqués que nous vivons, et pour nous une véritable envie d’apporter des solutions avec des interventions de représentants de la Carsat, de la BPI, et de l’Urssaf. Ces interventions ont été très suivies et ont connu un grand succès.

Que peuvent apporter par exemple la Carsat ou la BPI ?

Pour la Carsat, essentiellement de l’aide au financement de matériel, comme des harnais ou des échafaudages – j’ai pour ma part évoqué un hayon de camion – qui favorisent les conditions de travail et permettent d’éviter des accidents ou maladies. Pour la BPI, elle apporte de la visibilité aux entreprises, notamment aux entreprises familiales, sur les transmissions par exemple.

La vraie force de votre groupe n’est-elle pas la diversité des métiers et des expériences de vos adhérents ?

La véritable vocation de notre groupe est selon moi de faire « lever la tête » à l’entrepreneur. Trouver chez l’autre en effet des leviers d’action, des solutions. Dans le contexte un peu compliqué que nous affrontons, c’est toute l’utilité de notre groupe qui a été démontrée cette année. Nous nous écoutons, nous nous parlons, nous nous dépannons, notamment par le biais d’un groupe WhatsApp « bons plans » qui fonctionne vraiment bien. Il faut sortir de sa bulle, ne pas rester enfermé pour avancer. J’ajoute que l’autre avantage de notre groupe est d’être composé d’entreprises de toutes les tailles qui offrent un panel large de solutions que chacun peut importer chez soi en les adaptant.

Sur quels autres dossiers vos adhérents vous ont conduit à intervenir ?

Sur les impayés. Nous avons entendu de nombreux témoignages sur ce sujet, chacun apportant les solutions mises en œuvre, les dispositions en amont pour éviter les problèmes. Nous allons d’ailleurs y revenir dès le début d’année prochaine, tant il s’agit d’inquiétudes partagées par chacun. Sur ce sujet, les adhérents peuvent faire appel aux services de la fédération, capables de nous suivre jusqu’aux contentieux, mais ils doivent aussi et surtout bien s’entourer, avec des équipes performantes et parfois leurs propres conseils. L’intérêt des discussions au sein du groupe est enfin d’identifier les clients mauvais payeurs, ce qui est essentiel en matière de prévention.

Dans le contexte actuel, avez-vous enregistré de nouvelles adhésions ?

Quand j’ai pris la présidence nous étions environ 180. Nous sommes montés à plus de 220 adhérents. Mais depuis ce pic, nous avons filtré les adhésions et parfois redirigé certains, présents depuis longtemps par exemple, vers des chambres professionnelles, où les sujets sur les métiers sont parfois plus poussés.

Sujet d’actualité : la crise du neuf. Avez-vous traité le sujet en réunion, peut-être avec des interventions d’experts ?

Toutes les chambres de la fédération évoquent déjà la crise de la construction dans le neuf. Les chambres professionnelles, les chambres territoriales…  Je souhaite que notre groupe ne rajoute pas une pression supplémentaire, mais reste un lieu de convivialité, de respiration, où l’on enlève « le dernier bouton » si je peux m’exprimer ainsi. Cela dit, l’intervention de Marc Poisson, nouveau président national de l’Urssaf, a largement évoqué le sujet des crises. Mon père a partagé son expérience des crises passées, avec pour corollaire, la baisse des carnets de commandes, des marges en souffrance, et des effectifs revus à la baisse. Il n’était pas venu pour cela, mais a répondu aux attentes des adhérents présents qui l’ont pressé de questions.

Dans les corollaires abordés par le président de l’Urssaf, il y a la baisse des effectifs. Or les problématiques de recrutement faisaient partie de vos axes de travail…

Il est vrai qu’aujourd’hui nous sommes confrontés à deux aspects : dans les milieux ultra techniques, nous avons toujours besoin de recruter. Pour le tout-venant, les inquiétudes vont en effet mettre un frein au recrutement. Mais ce sont les recours à la sous-traitance et aux intérimaires qui vont souffrir en premier. Le monde économique des deux ou trois prochaines années est si incertain que les entrepreneurs vont en effet parfois se reposer la question de l’opportunité d’embaucher ou non.

Personnellement, comment vous sentez-vous dans les habits de président du groupe Jeunes Dirigeants ?

Je prends beaucoup de plaisir même si la tache est vaste et complexe. J’apprécie la nécessité de devoir « toucher à tout », être – comme les entrepreneurs d’ailleurs, un peu le couteau suisse devant toutes sortes de situations, et j’aime vraiment la qualité des échanges de nos adhérents. Je bénéficie de surcroit de l’aide d’une super vice-présidente, Orianne Genna, très présente, toujours disponible, avec laquelle c’est un bonheur de travailler.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 23 novembre 2023