Marc Poisson : « L’Urssaf n’est pas en danger, si ce n’est peut-être d’un trop plein de missions »

Marc Poisson : « L’Urssaf n’est pas en danger, si ce n’est peut-être d’un trop plein de missions »

Ce vendredi 29 septembre 2023, Marc Poisson – ancien-président de l’Urssaf Rhône-Alpes depuis 2018, a été élu par le Conseil d’administration nouveau président de l’Urssaf Caisse nationale. Le PDG du groupe familial Rolando et Poisson, spécialisé dans les travaux de finition des bâtiments, « orientera désormais les décisions stratégiques du réseau des Urssaf et s’assurera du suivi de la réalisation de ses objectifs ».

Vice-président de la fédération BTP Rhône et Métropole, ancien président régional de l’Urssaf, et aujourd’hui en première ligne avec cette présidence nationale. Vous avez toujours été engagé ?

Mon père François, mon grand-père Roger, étaient très engagés eux-mêmes, c’est dans l’ADN familial. Je pense même que l’entreprise a fait partie de celles qui ont créé le syndicat général des entrepreneurs du Bâtiment du Rhône à une époque lointaine. Personnellement j’ai commencé à 28 ans. Le président Pitance m’a convoqué dans son bureau et m’a confié la présidence de la commission Formation. Je n’y connaissais rien, mais je connaissais bien les besoins de mon entreprise. A l’époque il n’y avait pas d’entrée pour les responsabilités syndicales, nous attendions notre tour. Aujourd’hui l’entrée naturelle d’un mandat c’est le groupe Jeunes, dont le président est aujourd’hui mon fils Edouard.

Pourquoi toujours plus de responsabilités, qu’est-ce qui vous motive ?

A titre personnel, j’apprends énormément en côtoyant des gens différents, d’origines et horizons différents, avec des fonctions de pouvoir. Les rencontrer, dialoguer, essayer de les convaincre et parfois être convaincu par eux, sont des échanges qui me forgent. Cela forge l’idée que je peux avoir de mon pays, l’idée que je peux avoir du rôle de l’entrepreneur au sein de ce pays.

Pour vos engagements, vous évoquez parfois le « plaivir », plaisir et servir. Expliquez-nous.

Ce métier m’a beaucoup apporté. Sur le plan humain et intime, et je partage avec beaucoup d’entrepreneurs les contraintes parfois insupportables du quotidien. Il est clair que si je peux aujourd’hui, aux fonctions que l’on m’a confiées, apporter des solutions à leurs problèmes qui sont aussi les miens, c’est un grand plaisir. Si je peux assouplir certaines règles, certaines normes que l’on subit, arrondir certains angles, cela nous permet de mieux vivre ou subir ce qui nous est imposé au quotidien.

Président de l’Urssaf national sera une mission chronophage. Pouvez-vous la remplir parce que votre fils Edouard est prêt à prendre votre suite ?

La transmission se met en effet en place, elle n’est pas encore totalement opérationnelle, mais nous avons aussi la chance de pouvoir nous appuyer sur l’excellence de nos collaborateurs. Ce sont eux, la confiance qu’on leur porte, qui me permettent d’être libre. Pour répondre plus simplement à votre question, deux personnes m’autorisent la prise de ce poste : Edouard, et donc l’entreprise, et mon épouse Virginie.

Comment l’entreprise, justement, a reçu cette nouvelle ?

Je crois qu’ils sont très fiers. J’ai été très touché par la gentillesse de ceux qui m’entourent, ma femme, mon fils, l’entreprise… Plein de Lyonnais m’ont écrit sur les réseaux leur fierté de voir un des leurs en première ligne – comme Patrick Martin au Medef – à l’heure où l’OL tutoie la seconde division.

Patrick Martin vous a préparé le terrain ?

Je suis candidat du Medef, si Patrick Martin n’avait pas voulu que je sois président de l’Urssaf nationale je ne l’aurais pas été. C’est une évidence. 

Dans le contexte actuel, l’Urssaf est-elle en danger ?

C’est le modèle social français. Les 500 milliards que l’on récupère, c’est la famille, c’est la maladie, c’est la vieillesse et c’est le chômage. L’Urssaf n’est pas en danger, si ce n’est peut-être d’un trop plein de missions. Elle sait tout faire en matière de collecte, les résultats parlent pour elle, je pense que nous parvenons à relier de façon intelligente deux actes difficiles : collecter les contributions, techniquement et humainement délicat, puisque personne n’aime payer des contributions même s’il en comprend l’utilité ; et le faire avec talent sans que personne ou presque nous en veuille, parce que nous y mettons les formes.

Quelles seront vos premières actions de président national ?

J’ai décidé d’aller visiter les Urssaf régionales, sauf celle de Lyon bien entendu, ils m’ont assez vu, tout en restant proche des services nationaux dans une période particulièrement riche marquée par la signature cette année d’une nouvelle Convention d’objectifs et de gestion et le lancement des projets associés. Comme je l’ai dit lors de mon élection, ma mandature sera placée sous le signe de l’échange et du dialogue. Je souhaite être un président de terrain, qui va à la rencontre des usagers de l’Urssaf, qui cherche à les convaincre tout en restant à l’écoute de leurs suggestions. Ma mission c’est en effet 80% de technique et 20% de politique.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 12 octobre 2023