“Pour un urbanisme plus volontariste”, Jean-Louis Wach BTP Rhône

“Pour un urbanisme plus volontariste”, Jean-Louis Wach BTP Rhône

Des futurs élus, le constructeur immobilier attend qu’ils produisent du foncier à un prix raisonnable, en exigeant des opérateurs qu’ils s’en tiennent à un prix plafond. C’est l’idée qu’il défend dans le “Livre blanc” produit par la filière construction sous l’égide de BTP Rhône et Métropole.

Contributeur du “Livre blanc” – chapitre “Développement local” – (Lire par ailleurs), Jean-Louis Wach estime que le développement local passe par « un urbanisme plus volontariste ». Membre de la Chambre de Construction Immobilière et dirigeant d’UTIADE (promotion ; Villefranche-sur-Saône ; 5 salariés) considère en effet que les élus devraient agir « pour offrir du foncier à bas prix ». Interview.

Pourquoi évoquez-vous « un prix adapté au contexte » ?

Jean-Louis Wach (J.-L. W.) : Parce qu’il y a un problème de solvabilité, surtout dans les métropoles. Une grande partie de la population ne peut plus acheter un logement neuf. Avec un prix moyen de 5500 €/m² à Lyon, comment peut faire une famille qui a besoin de 80 m² : elle s’éloigne hors de l’agglomération.

Qu’entendez-vous par « urbanisme plus volontariste » ?

J.-L. W. : L’action publique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire. Or, il est nécessaire que les gens qui travaillent sur l’agglomération lyonnaise puissent se loger sur place. On évite ainsi les mouvements pendulaires domicile-travail… et les problèmes de transport. Pour ça, il faut réaliser des logements dans une gamme de prix qui permette la mixité sociale.

Quelle solution préconisez-vous ?

J.-L. W. : Les élus doivent produire du foncier à un prix raisonnable en exigeant des opérateurs, en contrepartie, qu’ils s’en tiennent à un prix plafond. Qu’ils fixent des règles d’urbanisme adaptées aux exigences de leurs projets.

Pouvez-vous donner un exemple chiffré ?

J.-L. W. : Si, dans un contexte de marché libre, le droit à construire se monnaye 1500€/m² et le prix de vente du logement livré 5000€/m², l’action publique peut, de son côté, générer un foncier à 500€/m² à condition que le promoteur vende le bien 4000€/m², un prix abordable pour le client final.

Comment les élus peuvent-ils générer un foncier moins cher ?

J.-L. W. : Les collectivités doivent abonder davantage les aménageurs publics, comme la SERL (*). A défaut, leur foncier reste au prix du marché, sans bonus. C’est le cas aujourd’hui : ils ne sortent pas assez de produits bon marché.

Ils vous rétorqueront qu’ils manquent de capacité budgétaire…

J.-L. W. : C’est une question d’allocation de moyens. Il est certainement moins onéreux de financer du foncier que de développer des infrastructures pour transporter une population contrainte à s’éloigner des agglomérations… Sans compter le coût environnemental.

Quel autre conseil donnez-vous aux futurs élus ?

J.-L. W. : Avec l’objectif de faire baisser le prix des logements neufs, faire évoluer la réglementation pour permettre aux bâtiments de gagner des étages supplémentaires, donc densifier, en particulier à proximité des transports en commun.

Quid du logement social, dans ce contexte ?

J.-L. W. : C’est aussi un problème. Aujourd’hui, l’accès au logement social est de plus en plus restrictif. A Lyon, le PLU-H résout le problème en intégrant 25 % de logements sociaux dans les opérations privées. Ainsi, la promotion privée produit et vend des logements à perte aux bailleurs sociaux et les propriétaires privés financent une partie du logement social. Est-ce normal ?

(*) SERL : Société d’Equipement et d’aménagement du Rhône et de Lyon

 

La filière construction, force de proposition via son “Livre blanc”

BTP Rhône et Métropole a fédéré une trentaine d’acteurs de la filière construction autour d’un projet : produire un document qui, faisant la somme de leurs propositions pour la cité de demain, sera diffusé cet automne auprès des candidats du scrutin de mars prochain.

Organisé en cinq chapitres (*), ce “Livre blanc” est une véritable source d’inspiration pour les futurs élus. Ils pourront y puiser d’intéressantes idées pouvant nourrir ou étayer leur programme électoral.

(*) Le développement local – La mobilité, le logement et l’aménagement urbain – Transition énergétique et numérique – L’économie circulaire – L’emploi, la formation et l’insertion

Interview réalisée par Benoit Depuydt pour la fédération BTP Rhône