
Derrière ce titre volontairement provocateur, l’intervention lumineuse de Denis Lafay, auteur de « Patrons, la tentation Trump » aux éditions de l’Aube, venu à la fédération BTP Rhône raconter son expérience et son enquête sur le phénomène Trump dans le cadre des conférences « Regards d’Experts ».
Journaliste et écrivain, conseiller éditorial de La Tribune et directeur de collection chez L’Aube, Denis Lafay a su captiver son auditoire. Extraits.
Pourquoi ce livre « Patrons, la tentation Trump »
« La veille de l’investiture de Trump, le 20 janvier, je rédige un post sur LinkedIn en questionnant la présence à son investiture de Bernard Arnault, président de LVMH. Et le lendemain matin je publie un édito dans la Tribune, titré « L’Amérique de Trump, notre nouvel ennemi ? ». Le cumul de ces deux post, principalement le premier, dépasse les 170 000 impressions et 800 commentaires. Et là, je découvre qu’une grande majorité de ces commentaires, parfois violents à mon encontre, proviennent de décideurs économiques, d’une communauté de gens qui sont en situation d’agir et de décider. Je suis absolument stupéfait : comment lorsqu’on est un chef d’entreprise, donc dans l’action d’être responsable, peut-on souscrire à un homme et une action dont on sait qu’ils sont en partie irresponsables ? »
Que trouve Denis Lafay dans ces « post » de décideurs économiques
« C’est la base de mon enquête. D’abord, il y a une détestation d’Emmanuel Macron, et plus généralement de la classe politique. Donald Trump a été élu cinq mois après la dissolution, le 9 juin 2024, qui a été un choc pour nous tous et les patrons en particulier. Il y a une contestation très forte de l’État, l’État centralisateur, l’État qui dépense, l’État qui assiste. Et aussi une critique très violente contre la souveraineté européenne qui s’impose quelque part à la souveraineté des pays de l’Europe. Les contre-pouvoirs, les syndicats, les journalistes, sont aussi fustigés à plusieurs moments. Et enfin il y a une vraie détestation du wokisme. »
Pourquoi Trump fascine les décideurs économiques
« D’abord il y a sa personnalité qu’ils admirent et puis il y a ce qu’il fait. Ils aiment son virilisme, sa résilience. Trump est transgressif. Il décide et il agit. Il incarne une autorité que des patrons souhaitent peut-être pour la France. Il a une culture du deal, du rapport de force, de la négociation qui plaît. Il décomplexe, il désinhibe la parole. Il dérégule, il dérèglemente, il démantèle une partie de l’architecture démocratique du pays. Il dépeuple la fonction publique. Il est la promesse d’une double liberté que des patrons estiment ne plus pouvoir connaître en France : la promesse d’une liberté d’entreprendre et aussi d’une liberté de s’enrichir sans une épée de Damoclès à la fois fiscale et morale sur cet enrichissement. Et puis Trump est l’incarnation d’un président qui défend les intérêts de son seul pays. Enfin il s’attaque aux entraves, les contre-pouvoirs comme la Justice, et bien sûr la presse. Mais Il ne faut surtout pas globaliser le sujet en laissant penser que tous les patrons souscrivent à ce que fait et ce qu’est Donald Trump ».
Les questions que le phénomène Trump peuvent poser
« Les auteurs de ces post ne mettent pas en perspective l’environnement de leur rôle de patron. L’environnement, c’est l’état de la démocratie, c’est l’état de l’État, c’est le climat social, c’est aussi tout ce qu’on doit à l’État, l’attractivité du pays, la protection sociale, les infrastructures… Et en fait, on a l’impression que les dirigeants ne tiennent pas compte de la destruction entreprise par Donald Trump aux États-Unis et ailleurs dans le monde (…) et que le succès de leur entreprise n’est dû qu’à eux-mêmes (…) Quand ils parlent de l’État dispendieux, de la thrombose bureaucratique, de l’excès de normes, du niveau des prélèvements obligatoires le plus élevé d’Europe. Leur colère n’est pas infondée (…) Mais on ne sait pas encore si les réponses apportées par Trump seront les bonnes.
À lire dans l’édition du 9 octobre 2025 du Journal du BTP
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