
Nicolas Pélissier, 33 ans, a créé Renfort Solutions en 2021 à Villefranche-sur-Saône, une entreprise spécialisée dans le renforcement de fondations et la consolidation des sols, puis Rhéa Solutions en 2024 pour la rénovation après sinistre. Avec trente salariés dans la première entité et huit dans la seconde, ses entreprises ont rapidement évolué. Interview.
Quelle est la genèse de vos deux entreprises ?
J’ai commencé comme apprenti sur les chantiers, après un bac Génie civil, pour passer mon BTS. Je suis resté salarié dans la même entreprise, successivement chef d’équipe, chef de chantier puis conducteur de travaux, avant de devenir directeur de travaux avec 120 personnes à gérer. Nous avions un sous-traitant qui recevait énormément de demandes pour traiter des fissures dans des maisons et réaliser des stabilisations par micropieux. J’avais appris à côtoyer les experts, les inspecteurs de compagnies d’assurance, les avocats… Alors j’ai décidé d’emprunter cette voie. Rhéa Solutions est venue ensuite, en réponse à la demande des compagnies qui souhaitaient des interlocuteurs capables de traiter toute la chaîne et de proposer une offre globale : reprise de carrelage, de façade ou de peinture.
Vos clients sont donc des particuliers dont l’habitat a connu un sinistre ?
Nous traitons en effet, pour des particuliers en majorité, tous les sinistres dus à la sécheresse, mais aussi les problèmes de qualité des ouvrages, d’affaissements, d’effondrements, de fissurations et de désordres structurels, par renforcement de fondations par micropieux et consolidation des sols.
La sécheresse est un sujet d’actualité, avec de plus en plus de reportages sur ces maisons qui s’enfoncent ou se lézardent un peu partout en France. Est-ce que le Rhône présente des sols à risque ?
Certaines zones sont plus touchées que d’autres. Je pense notamment aux alentours de Morancé ou Chazay-d’Azergues, ainsi qu’entre Fareins et Guéreins dans l’Ain. Dans la région, il faut aussi noter une recrudescence de dossiers autour de Clermont-Ferrand et du Puy-en-Velay. Notre entreprise rayonne de Martigues, au Sud, à Auxerre, au Nord, et de Brive-la-Gaillarde, à l’Ouest, jusqu’à Annemasse.
Avec le réchauffement climatique, l’activité est soutenue dans votre secteur ?
Oui, l’activité est bonne. Mais hélas, nous devons faire face à de nombreux défauts de paiement, qui concernent environ un quart de notre chiffre d’affaires. Une grande part de mon travail porte aujourd’hui sur le recouvrement. Je suis contraint d’exiger une délégation de paiement pour presque tous mes dossiers (Renfort Solutions et Rhéa sont directement payés par les compagnies qui acceptent), afin d’avoir la certitude d’être payé.
En quatre ou cinq ans, vous en êtes déjà à près de quarante salariés. Avez-vous pu recruter facilement ?
Globalement oui, des jeunes. Je viens de l’apprentissage, on m’a donné ma chance, j’ai donc toujours trois ou quatre apprentis dans les entreprises, que nous formons, d’autant qu’il n’existe pas vraiment de cursus spécifique sur la partie principale de notre activité. Dans tous les cas, je préfère former les compagnons qui vont travailler avec moi. Pour le reste, avec le développement de l’activité et le temps passé au recouvrement, j’ai « staffé » l’entreprise avec un directeur de travaux dans chaque entité, un service commercial et un conducteur de travaux.
Quels sont vos axes de développement ?
Pour nous développer, nous allons d’abord déménager en octobre. Nous avons acheté un dépôt et faisons construire nos bureaux à Arnas, dans la zone artisanale. Ensuite, nous souhaitons développer les dossiers de réparation de sinistres liés à la grêle et aux dégâts des eaux. À noter l’éventualité, dans un avenir proche, que les assureurs finissent par ne plus indemniser les dépenses liées aux sinistres dus à la sécheresse.
Quelle est la « patte » Pélissier pour avoir grandi si vite, hors le contexte du réchauffement climatique qui fragilise les constructions ?
Savoir s’entourer, sans hésitation, de personnels de confiance, formés et compétents dans leur domaine d’expertise, capables d’intervenir vite et bien.
À lire dans l’édition du 4 septembre 2025 du Journal du BTP
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