Assemblée Générale 2025 – Une conjoncture tendue, des convictions fortes

Encore un cadre enchanteur… C’est au château de Janzé, à Marcilly-d’Azergues – ses pierres dorées, ses deux belles tours et sa vue imprenable sur les Monts du Beaujolais – que la Fédération BTP Rhône a donné rendez-vous à ses adhérents pour sa traditionnelle Assemblée Générale. Un lieu exceptionnel, et une affluence record malgré une météo un peu fraîche : clin d’œil subtil – peut-être – à la conjoncture économique. Signe aussi que, dans les moments difficiles, la chaleur des retrouvailles et la solidarité des artisans et chefs d’entreprise du BTP ne sont pas de vains mots.

Une Assemblée Générale, c’est le temps du rapport statutaire, de la présentation et de l’approbation des comptes. Mais c’est aussi, pour le président, l’occasion de livrer un état des lieux nourri de chiffres et de commentaires sur la situation du secteur. Et ce n’est une surprise pour personne : la conjoncture n’est pas flamboyante.

Dans le Bâtiment, le nombre de défaillances d’entreprises au cours des quatre derniers trimestres est en hausse de 65 %, avec 556 défaillances. Concernant la construction neuve de logements, le nombre de logements commencés sur 12 mois glissants à fin mars 2025 progresse de 1,4 %, mais celui des logements autorisés chute de 26,2 %. Pour la construction de locaux neufs, les chiffres sont également préoccupants : 18 % de baisse pour les chantiers commencés, 8,9 % pour les autorisations. Quant au dispositif MaPrimeRénov, les rénovations par geste connaissent une baisse de 56 % du nombre de dossiers acceptés, et de 39 % du montant des travaux engagés. Seules les rénovations globales affichent une dynamique positive avec une hausse de 76 % en volume de travaux.

Côté emploi, les effectifs sont en recul de 1,7 % sur un an. L’intérim continue sa baisse, avec 8,7 % de recul sur les 12 derniers mois.

Dans les Travaux Publics, l’activité se maintient dans la Métropole, bien que certains chantiers soient suspendus. Hors Métropole, la situation est plus contrastée, avec des collectivités confrontées à une baisse de leurs dotations.

« ZFE, ZTL, RE2020 devenue RE2025, ZAN… On a voulu aller trop vite, plus vite que partout ailleurs en Europe », juge Norbert Fontanel, président de la Fédération BTP Rhône, à l’issue de son intervention. « Mais dans la précipitation, on fait mal. Et surtout, on ne fait rien. On aurait mieux fait de travailler de façon pragmatique et régulière. On a l’impression que c’est une course de vitesse, alors que non, c’est une course de fond. Résultat : on a grippé l’outil. »

Derrière ce « on », il faut entendre les politiques successives – nationales comme locales – en matière de construction, de logement, de transport…

« J’ai trop de collègues au tribunal des activités économiques », poursuit Norbert Fontanel.
« D’autres m’appellent pour me dire qu’ils n’y arrivent plus, qu’ils se placent sous la protection du tribunal. Ce n’est pas normal. D’autant qu’on manque cruellement de logements, que nos ponts ne sont plus entretenus, que nos routes se dégradent – même si certaines sont concédées. Que nos canalisations fuient… Et pourtant, on ne fait rien. L’incompréhension domine. On ne place pas l’investissement là où il serait nécessaire. »

Et d’appuyer encore son propos : « La politique est devenue une politique de censure. Elle devait faciliter l’investissement, encourager le développement économique pour que les citoyens bénéficient d’un meilleur logement, d’une meilleure qualité de vie. Aujourd’hui, nous faisons face à des censeurs qui nous abreuvent de contraintes. »

Un appel au sursaut est lancé, après le rappel – par respect pour la chose publique – de quelques timides avancées : rétablissement d’un PTZ sur tout le territoire pour tous les types de logement jusqu’à fin 2027 ; défiscalisation des donations pour l’acquisition ou la rénovation d’un logement, jusqu’à fin 2027 ; allègement de la réduction de loyer de solidarité, pour encourager l’investissement des bailleurs sociaux ; aide aux maires bâtisseurs à hauteur de 100 millions d’euros ; maintien du budget de MaPrimeRénov à 2,3 milliards d’euros. Des annonces complémentaires ont été faites par la ministre du Logement : accélération des procédures d’urbanisme, encadrement des recours abusifs, prorogation automatique des permis de construire délivrés en 2022 et 2023. Une mission sur l’investissement locatif est également annoncée, pendant que la FFB réclame un statut de bailleur privé.

Fidèle à son rôle d’acteur économique engagé, la Fédération BTP Rhône et Métropole annonce la rédaction d’un Livre Blanc pour les élections municipales et communautaires de 2026.

« Notre territoire a besoin de constructeurs, de bâtisseurs. De bâtisseurs d’ouvrages, bien sûr, mais aussi de bâtisseurs de vision, d’audace, de volonté politique. Il nous faut des élus qui osent, des politiques qui facilitent, des collectivités qui investissent. »

Intitulé « Anticiper, innover, construire : réinventer la ville pour un avenir durable », ce Livre Blanc – à paraître à la rentrée de septembre – est une invitation au dialogue, à l’engagement et à l’action collective sur les enjeux de construction, de logement et d’aménagement du territoire.

Ce Livre Blanc abordera sept chapitres : Relancer la construction de logements en garantissant l’équilibre ; Une commande publique cohérente et soutenue ; Faire de la transition écologique un moteur d’activité ; Soutenir l’emploi et transformer nos entreprises ; Accompagner la mutation du marché tertiaire ; Un urbanisme du bon sens et de la pédagogie ; et enfin un message positif en direction des élus.

« L’important, c’est de retrouver du bon sens », insiste Norbert Fontanel. « Retrouver un discours équilibré, pragmatique. Oui, il faut continuer à décarboner la construction. Oui, l’environnement est une priorité. Mais pas au prix de l’inaction, ou dicté par ceux qui ne connaissent pas notre métier. Cela interroge sur la place du dialogue technique dans l’élaboration des politiques publiques. »

« L’important, c’est de retrouver du bon sens », insiste Norbert Fontanel. « Il faut retrouver un discours équilibré, pragmatique. Nous sommes tous d’accord qu’il faut décarboner la construction. Nous sommes tous d’accord que l’environnement est important. Mais sans aller trop vite, au risque de ne rien faire. Ce que je vois aujourd’hui, c’est que des gens qui ne font pas notre métier nous disent comment il faut travailler, c’est assez insupportable ».

(1) Rétablissement d’un PTZ sur tout le territoire pour tous les types de logement jusqu’à   fin2027 ; Défiscalisation des donations pour l’acquisition ou la rénovation d’un logement jusque fin 2027 ; Allègement appliqué à la « réduction de loyer ; solidarité » en faveur des bailleurs sociaux pour les inciter à investir ; Aide aux maires bâtisseurs chiffrée à 100 millions d’euros ; Maintien du budget de MaPrimeRénov à 2,3 milliards d’euros. En parallèle, la ministre du Logement a annoncé de nouvelles mesures de nature à accélérer les procédures d’urbanisme, un meilleur encadrement des recours abusifs ou encore une prorogation automatique de deux ans des permis délivrés en 2022 et 2023.
Elle a également confirmé la mise en place d’une mission sur l’investissement locatif (la FFB de son côté demande la mise en place d’un statut de bailleur privé).

À lire dans l’édition du 5 juin 2025 du Journal du BTP