
Traditionnel rendez-vous bisannuel, le méchoui du BTP de la chambre territoriale des Monts du Lyonnais a eu lieu cette année le 6 juin dernier juste avant l’orage du soir au stade Thomas Granjon, à Saint-Symphorien-sur-Coise. Plus de 160 personnes, artisans, chefs d’entreprises, salariés, partenaires, clients et élus, ont répondu présent, signe d’une grande vitalité pour cette chambre aux 44 adhérents pour 475 salariés – la plus petite du département – réputée « première en termes d’assiduité et de fréquentation aux réunions », comme aime à le rappeler son président David Passelègue (Charpente-Couverture).
« Ici, nous ne sommes pas à l’abri des difficultés », confie David Passelègue juste avant de prononcer son discours d’accueil aux côtés de Norbert Fontanel, président de BTP Rhône. « Et on ne va pas se mentir, le contexte est compliqué. Mais ce qui fait notre force dans les Monts du Lyonnais c’est notre proximité avec nos élus, avec nos partenaires, et puis notre solidarité, un lien entre acteurs du terrain qui fait la richesse de notre territoire. C’est aussi la polyvalence de nos entreprises qui nous permet, peut-être, d’être mieux armés pour faire face aux difficultés ».
Mieux armés ? « Oui. Il ne faut pas dire que ça va mal quand ça va bien », souligne David Passelègue. « Je fais régulièrement le tour de mes confrères, tout le monde ici a du travail pour l’instant. Même si nous regardons tous l’avenir avec un peu d’inquiétude : il y a cette annonce surprenante sur la suspension du dispositif MaPrimeRénov’, il y a la REP Bâtiment, mal pensée et mal ficelée, les Zones à faibles émissions (ZFE), dont le sort évolue mais reste incertain, les Zones à trafic limité (ZTL) qui doivent permettre l’activité, pas la bloquer… Et puis tous les chiffres alarmants sur la construction, sur l’emploi, sur les défaillances d’entreprises. C’est dans ces moments que l’on doit se rassembler, se parler, se soutenir entre élus, entreprises, partenaires, pour trouver collectivement des solutions. Avec une conviction simple : notre territoire a besoin de bâtisseurs d’ouvrages, mais aussi de vision, de cohérence, d’audace. Et dans cette équation, il faut impérativement revaloriser le travail, qui fait le socle de notre société. Travailler doit toujours être plus simple, plus digne, plus valorisant que ne pas travailler. Et cela passe par des politiques locales qui soutiennent les entreprises de proximité, l’emploi local. Qui simplifient l’accès à la commande publique. Qui valorisent l’apprentissage, la reconversion, la transmission ».
MaPrimeRénov’ suspendue
Un message fort pour ce rendez-vous de convivialité, « simple, chaleureux… et utile », n’a pas manqué de préciser David Passelègue. Les élus locaux, maires, vice-président de la communauté de communes, le député Thomas Gassilloud (Renaissance), natif et ancien maire de Saint-Symphorien-sur-Coise, le président du Conseil départemental du Rhône depuis dix ans, Christophe Guilloteau, ont tous bien noté l’urgence du moment comme l’appel au soutien et à la solidarité.
Évidemment interrogé sur la suspension à venir de MaPrimeRénov’, Thomas Gassilloud évoque sans détour la « mauvaise » nouvelle apprise comme tout le monde la veille du méchoui : « Les parlementaires n’étaient pas associés à cette décision, nous sommes donc en train d’essayer de bien comprendre l’intention du gouvernement. Il y a une volonté de suspendre le dispositif dans le cadre des économies nécessaires au niveau national et en raison de fraudes constatées. Mon travail de parlementaire va être de faire remonter les réactions de terrain, l’impact sur l’activité et l’emploi de cette mesure temporaire, et voir si un retour dès l’automne du dispositif est possible (Dernière minute : le retour du dispositif est prévu le 15 septembre a déclatré lundi 10/06 la ministre des Comptes Publics, Amélie de Montchalin, NdlR), notamment pour les plus modestes. Dans un contexte d’économies, il faut parvenir à différencier ce qui relève des dépenses d’investissement, quand on finance une partie des travaux de rénovation avec MaPrimeRénov’ cela permet des retombées économiques et c’est vertueux pour la transition écologique, de ce qui relève des dépenses de fonctionnement, notamment les dépenses importantes de nature sociale, à réguler à mon sens en priorité ».
« MaPrimeRénov’ nous amène tout de même beaucoup d’activité » rappelle Frédéric Seraille, interrogé au hasard dans l’assistance, qui a créé son entreprise de plâtrerie-peinture en 2006. « Nous faisons beaucoup de rénovation et donc d’isolation pour des particuliers, c’est l’essentiel de notre activité puisque le neuf est très calme. Le dispositif intervient aujourd’hui dans environ la moitié de notre carnet de commandes, ce n’est donc pas une bonne nouvelle, et s’il faut se mobiliser nous le ferons », prévient ce chef d’entreprise de huit salariés et un apprenti.
L’emploi menacé
Proche des territoires, leur développement et leur reconnaissance figurent d’ailleurs sur sa feuille de route de président de BTP Rhône, Norbert Fontanel a déjà commenté il y a quelques jours – la presse s’en est fait largement écho – les problématiques économiques soulevées lors de ce méchoui. Il a tenu cela dit à revenir sur les pertes d’emploi dans le secteur, qui font selon lui moins souvent les grands titres que les fermetures d’usines : « Sur 50 000 salariés du BTP dans le Rhône, nous en avons perdu 700, à raison de deux salariés par ci, cinq par là, sans compter l’intérim, 1000 personnes supplémentaires. Des promoteurs licencient, des architectes, ce n’est malheureusement pas pour constater cela que nous travaillons… »
Interpellés sur la solidarité, le lien nécessaire entre élus locaux et entrepreneurs dans ce contexte difficile, Pierre Varliette, maire de Saint-Laurent de Chamousset, vice-président de la communauté de communes des Monts du Lyonnais, et Jérôme Banino, maire de Saint-Symphorien, ont pu redire leur implication dans le tissu économique du territoire.
« Nous essayons au mieux, et nous le faisons en règle générale, de faire travailler nos entreprises locales » a rappelé Pierre Varliette. « Dans le cadre de nos travaux de la Communauté de Communes, l’argent dédié aux investissements reste sur le territoire et cela me paraît important. Il y a par exemple les travaux sur Sainte-Foy-L’Argentière, le contournement nord à Saint-Laurent, et puis on vient d’attribuer beaucoup de marché à nos entreprises notamment dans le cadre des travaux d’assainissement… Malgré nos petits moyens, nous jouons le jeu à tous niveaux (…) et je souhaite vraiment que cela continue ainsi. Il faut vraiment se serrer les coudes, il faut rester solidaires, entreprises et élus de toutes les collectivités, que ce soit le Département, la Région ou les communes ».
Même écho de la part de Jérôme Banino, qui recevait la chambre territoriale dans un stade refait à neuf par de nombreuses entreprises locales. Le maire a souligné sa fierté d’accueillir une nouvelle fois à Saint-Symphorien les entrepreneurs du BTP et leurs amis, avec lesquels il partage un « lien très fort », et dont il salue « la grande technicité ».
« Ce qui fait notre force dans les Monts du Lyonnais c’est notre proximité avec nos élus, avec nos partenaires, et puis notre solidarité », disait en préambule David Passelègue. Son méchoui 2025 en a été l’exemple.
À lire dans l’édition du 19 juin 2025 du Journal du BTP
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