Tout ce contexte va nous pousser à changer, Bruno LARDIERE

Tout ce contexte va nous pousser à changer, Bruno LARDIERE

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Bruno Lardière, directeur régional de l’entreprise Roger Martin (Bâtiment et TP ; 250 personnes sur AURA) est le président de la chambre « Industrie Routière » de la section Travaux Publics.

 

Quel est le champ de compétence de la chambre « Industrie routière » ?

La chambre regroupe aujourd’hui une dizaine d’adhérents très actifs, et regroupe l’ensemble des structures ayant une industrie dans le métier des enrobés. Cela va donc des majors aux grosses ETI voire même à des entreprises d’une quarantaine de personnes. Nous sommes assez représentatifs de l’ensemble de la profession.

Le contexte de la Covid a entraîné un temps particulièrement long pour les élections, notamment à la métropole, avec de surcroit un changement d’exécutif important. Quel a été l’impact sur les entreprises adhérentes de votre chambre ?

Cela n’a pas changé beaucoup de choses pour les marchés de la métropole en 2020 qui sont avant tout des marchés d’entretien. Le nouvel exécutif est arrivé en milieu d’année, les budgets étaient déjà engagés. Les opérations qui devaient être lancées dans l’année par la métropole – tels que les tunnels et voies rapides, ont été relancées, il n’y a pas eu de temps mort sur nos métiers de la route. Idem pour les opérations menées par l’État avec le marché de renouvellement des routes et autoroutes non concédées. Il n’y a donc pas eu selon moi de baisse d’activité par rapport à ce qui était prévu pour nos adhérents.

Vous évoquez les marchés d’entretien, il n’y a pas de nouvelles infrastructures en projet ?

Non pas sur le département du Rhône, mais cela fait des années que c’est ainsi.

Comment s’est passé le premier confinement pour vos adhérents ?

L’ensemble des entreprises ont cessé l’activité le 17mars, la reprise s’est échelonnée entre le 20 avril et le 11 mai. Le plus difficile pour nous a été d’avoir en face des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre pour pouvoir redémarrer.

Qui a pris en charge les surcoûts ?

Nous avons connu toutes les situations possibles. Certains donneurs d’ordre ont rapidement adhéré au 50-50, avec d’autres des accords par entreprise se mettent en place, reste enfin, les moins nombreux, ceux pour qui le surcoût Covid n’est que le problème de l’entreprise.

Quel est le bilan au final de l’année 2020 ?

En termes de chiffres d’affaire, l’année varie entre -10 et -25% selon le type d’entreprise. Cette sous-activité a obligé certaines d’entre elles à mettre en place des plans d’activité partielle… Ce ne sera donc pas une année à retenir. Concernant 2021 nous ne sommes pas rassurés, nous pensons que le premier semestre sera plus dur encore que l’année 2020 puisque les carnets de commande ont connu un trou d’air avec une baisse importante des appels d’offres. Cela est dû à la conjoncture Covid, aux élections, et à une frilosité générale des donneurs d’ordre qui ignorent ce qu’ils vont récolter comme recettes fiscales…

Vos adhérents ont donc choisi l’activité partielle pour éviter de licencier et amortir le choc ?

Le principe reste de sauvegarder l’emploi malgré notre manque de visibilité. Mais les situations et solutions sont différentes selon les entreprises. Il y a des entreprises qui ont fait des ruptures conventionnelles collectives, d’autres ont fait de l’activité partielle jusqu’au 31 décembre et devraient la relancer cette année, et d’autres enfin se dirigent vers de l’activité partielle de longue durée.

Vous sentez-vous entendus quand vous rappelez aux élus que vous êtes dépendants de la commande publique et donc que les exécutifs doivent accélérer pour relancer les appels d’offres ?

Nous sommes entendus. Ecoutés, ce n’est pas sûr. Car nous ne voyons pas beaucoup bouger les lignes. Mais est-ce que les exécutifs ont les moyens de répondre à nos attentes, c’est aussi le problème. Les collectivités comme la métropole ont un volet social très compliqué à gérer en ce moment, il est compréhensible que les investissements soient moins leur priorité. Cela dit, nous, entreprises du BTP, nous savons donner de l’emploi en cas d’investissements. Il faut donc que nous avancions ensemble, c’est la clé. Tout ce contexte va nous pousser à changer, travailler sur des produits novateurs, environnementaux, même si cela va demander un peu de temps.

Vous connaissez déjà des tensions sur les prix ?

Oui. Nous avons tous besoin de travailler, il y a des incertitudes importantes, on se donne donc les moyens si je peux dire de prendre des affaires pour faire travailler notre personnel et notre matériel. Les prix baissent, c’est très clair.

Une interview à retrouver dans le JBTP du 14 janvier 2021.