Stéphane Colin : « les entreprises sont face à l’inconnu »

Stéphane Colin : « les entreprises sont face à l’inconnu »

Stéphane Colin dirige l’entreprise de plâtrerie-peinture-décoration Daniel BLANC (Vindry-sur-Turdine). Il est également le président de la chambre territoriale de l’Ouest rhodanien.

Quelle est l’étendue géographique du territoire Ouest rhodanien ?

C’est l’ensemble de la communauté de communes de l’Ouest rhodanien et une partie de la communauté de communes de L’Arbresle ainsi que la vallée de l’Azergues. Il s’agit d’un vaste territoire, tout en longueur, particularité de notre chambre territoriale qui compte 90 adhérents. C’est aussi un très bon équilibre entre les grandes entreprises de plomberie, électricité, plâtrerie-peinture, maçonnerie et travaux publics, une multitude de petites entreprises et de petits artisans.

Comment l’Ouest rhodanien a abordé cette rentrée ?

Sur les chapeaux de roues, avec une activité soutenue pour la majorité d’entre nous correspondant en partie à la fin d’une période de congés. Mais pour certains, les carnets de commande commencent à légèrement fléchir dans ce contexte d’inquiétude générale qui touche un peu tout le monde : quel sera le prix du gazole, comment et à quel prix va-t-on se chauffer cet hiver, va-t-on subir des coupures d’électricité dans les entreprises, etc… L’actualité est anxiogène. Il y a donc certains projets, notamment de particuliers, qui se retrouvent freinés ou repoussés. Pour les marchés des collectivités, l’effet se fera sentir plus tard.

Et pourtant les particuliers ne devraient-ils pas s’engager dès maintenant dans des travaux d’isolation par exemple ?

C’est le paradoxe actuel. Ce n’est pas forcément le bon moment d’engager des travaux d’isolation dans son habitation, mais c’est d’évidence le bon moment pour se poser des questions. Questions parfois laissées sans réponse au vu du contexte inflationniste poussé par l’augmentation exponentielle des coûts des matériaux. La décision de s’engager n’est donc pas simple pour les particuliers dont les budgets ne sont pas extensibles. D’autant qu’on nous annonce une nouvelle augmentation de 8% en novembre et 15% en janvier en plâtrerie et matériaux d’isolation.

Personne ne sait donc vraiment quoi faire en cette rentrée ?

Le contexte inflationniste est d’autant plus anxiogène que de très nombreux foyers ne l’ont jamais vécu et se trouvent démunis sur ce qu’il est raisonnable de faire ou non. Cette inconnue est réelle pour les particuliers mais aussi pour les entreprises. Je pense qu’il nous faut s’éduquer, se former aux gestes et réflexes nécessaires à la gestion de nos entreprises dans une telle période, car nous manquons simplement d’automatismes.

L’inflation, c’est pourtant simple : tout augmente, même les salaires, sauf les marges. Est-ce que cela correspond à votre quotidien ?

C’est exactement cela. Il faut donc des entreprises aux trésoreries véritablement solides. Sans avoir trop d’argent placé non plus, puisqu’il se dévalue, mais un peu tout de même pour pouvoir faire face à l’imprévu. Il faut à la fois économiser tout en investissant, chercher un nouvel équilibre. Et c’est hélas bientôt que se révéleront ceux qui sont plus cigales que fourmis.

Revenons sur les marges. Est-ce que dans l’Ouest rhodanien vous parvenez à mieux répercuter les hausses de prix des matériaux auprès de vos clients qu’en Métropole par exemple ?

Sur notre territoire, les discussions de prix se déroulent dans un climat de confiance. Les gens sont à l’écoute, certains même nous appellent pour nous mettre à l’aise. Les débats ne sont évidemment pas les mêmes avec un investisseur lambda pour lequel on ne travaillerait pas souvent. Pour faire face à cette crise des prix, nous bénéficions par ailleurs des outils mis à notre disposition par la fédération BTP Rhône et Métropole sur les moyens de faire accepter certaines compensations par nos clients. Nous avons organisé quelques réunions sur ce sujet – comment rédiger les devis, quels points essentiels faut-il faire figurer, etc – nous en referons avant la fin de l’année. Les adhérents de la chambre sont vraiment confrontés à cette problématique de la répercussion des coûts et des révisions de prix. Nous devons nous y préparer, encore aujourd’hui.

Comment se portent moralement vos adhérents ?

Ils sont face à l’inconnu, comme nous l’avons dit. Et l’inconnu fait peur. Nous sommes là pour rassurer et guider, même si personnellement je suis dans le même état d’esprit que mes collègues. La fédération est un outil indispensable pour nous soutenir. C’est en étant soudés, tous ensemble, que nous nous en sortirons sans trop de dommages. Comme le souligne le proverbe africain « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » En cela les mois à venir seront déterminants.