Stéphane Arhets : « Notre profession manque de visibilité »

Stéphane Arhets : « Notre profession manque de visibilité »

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de suivre le travail de chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. 

Stéphane Arhets est chef d’agence d’Eurovia, filiale de VINCI Construction, spécialisée dans les travaux routiers, les aménagements urbains et les infrastructures de transports. Il dirige environ 150 personnes. Il est depuis un an le président de la chambre « Industrie Routière » de la section Travaux Publics.

Quel est le champ de compétences de la chambre « Industrie routière » ?

L’industrie routière regroupe les constructeurs et fabricants des matériaux nécessaires à la réalisation et à l’entretien des routes. La plupart des entreprises de travaux routiers sont d’ailleurs actionnaires ou propriétaires d’usines d’enrobés à chaud ou à froid. Nous avons une dizaine d’adhérents, très actifs, partagés entre les filiales des majors, des ETI et des PME.

Quels sont vos donneurs d’ordre ?

Nos clients sont à 70% les collectivités, dont la Métropole de Lyon, le département du Rhône, toutes les communautés de communes et autres donneurs d’ordre publics. Les 30% restant relèvent de clients privés : plateformes industrielles ou grande distribution, mais aussi sociétés autoroutières et aéroportuaires.

Il se fabrique encore des routes aujourd’hui ?

Les routes et rues sont au cœur de la mobilité quotidienne de tous les Français. La France – c’est une grande chance pour ses territoires – est bien équipée en infrastructures routières. Nous intervenons donc essentiellement aujourd’hui pour entretenir et aménager ce patrimoine routier.

Vous vous heurtez également à une problématique politique qui peut parfois se traduire par un ralentissement des investissements en infrastructures ?

C’est un enjeu pour tous les Français que les arbitrages budgétaires ne mettent pas en péril la qualité de notre réseau routier et donc la mobilité dans les territoires. A nous de faire savoir dans un contexte d’urgence climatique et de préservation de notre environnement que nous savons réaliser des routes avec des techniques et produits écologiquement responsables, avec les mêmes qualités en matière de confort et de sécurité.

Vos carnets de commande sont-ils pleins ?

L’activité s’est ralentie, quelques gros projets emblématiques sur le Rhône restent en suspens, avec peut-être, je le redis, une attente nouvelle de nos clients sur notre savoir-faire en matière de respect de l’environnement. Nous sommes aussi dans une période où les coûts de l’énergie pèsent sur les coûts de construction. Le contexte actuel est donc difficile.

Vous connaissez également des délais de livraison en hausse exponentielle pour des matériaux de chantier ?

Pour les matériels et engins de chantier les délais sont devenus très longs et surtout non maîtrisés. Pour le bitume, nous avons connu des tensions, mais aucune rupture.

Au vu de votre activité, avez-vous besoin de recruter ?

Notre problème est de manquer un peu de visibilité, notamment sur le Rhône. Ce qui ne nous permet pas de savoir si nous devons faire aujourd’hui un effort particulier de recrutement, alors que la main d’œuvre est très difficile à trouver et longue à former. Personne ne souhaite embaucher pour mettre son personnel en activité partielle.

Dans quel état sont les trésoreries de vos adhérents avec cette inflation qui rogne vos marges et les augmentations de salaires inhérentes à cette même inflation ?

Nous sommes dans une période un peu charnière, avec la problématique de la masse salariale qui représente environ 30% de nos dépenses. C’est un vrai sujet, loin d’être anodin pour nos entreprises. D’autant que nos adhérents ne peuvent pas répercuter toutes les hausses de prix de nos fournisseurs, soit parce qu’ils avaient signé à prix ferme et que nos clients publics ou privés ne veulent pas revenir dessus, soit parce que les marchés ne sont pas facilement révisables. Tout cela fait que les trésoreries sont sous tension.

Quelle est l’impulsion que vous souhaitez donner à cette chambre ?

J’ai pris la présidence à la sortie de l’épisode de la Covid, une période vraiment compliquée avec des problématiques particulières. Aujourd’hui, avec les nouveaux sujets d’actualité comme l’inflation, il s’agit avant tout de sensibiliser les acteurs de la construction sur l’importance de trouver de nouveaux modes de fonctionnement équilibrés pour chaque partie. Nous rencontrons des élus, des maîtres d’œuvre, pour aborder ces questions un peu oubliées des décideurs actuels. Le deuxième sujet est de répondre aux attentes des élus sur le développement durable, l’économie circulaire, en leur présentant tout ce que nous avons fait en la matière depuis de très nombreuses années sur le recyclage des matériaux mais aussi sur les produits plus « verts » que nous proposons aujourd’hui… Autre sujet de travail, appréhender les attentes spécifiques des décideurs pour demain, afin d’orienter les travaux de nos équipes de recherche et développement.