Sébastien Landry : « Il est essentiel de se fédérer et de pérenniser nos métiers »

Sébastien Landry : « Il est essentiel de se fédérer et de pérenniser nos métiers »

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de suivre le travail de chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents.

Sébastien Landry est le directeur général de Nouvetra (groupe SERFIM). L’entreprise intervient partout en France et maîtrise l’ensemble des techniques de réparation d’ouvrages en service : tunnels, ponts, murs de soutènement, galeries, réservoirs et collecteurs visitables. L’entreprise réalise également le déploiement de réseaux de canalisations avec son agence en Ile-de-France. Il est depuis six mois président de la chambre « Travaux souterrains et Géotechniques ».

Quel est le champ de compétences de la chambre que vous présidez ?

Nous avons majoritairement des entreprises de travaux spéciaux, fondations et confortements. Nous sommes une vingtaine d’adhérents avec différentes tailles d’entreprises allant de la PME jusqu’aux majors.

Quels sont vos donneurs d’ordre ?

L’État pour l’essentiel. Mais aussi des collectivités, communes, départements, régions, ou des Etablissements Publics comme la CNR, la SNCF, EDF… C’est enfin le privé avec les concessionnaires autoroutiers et quelques promoteurs immobiliers.

Comment se porte l’activité dans votre champ de compétences ?

Sur le territoire de la Métropole et du département, elle est malheureusement très faible. Surtout pour la partie fondations et parois puisque l’immobilier neuf subit un coup de frein, en partie à cause de la hausse des prix et de la limitation des permis de construire. Nous sommes contraints de regarder à l’extérieur du territoire pour travailler. L’ensemble de l’activité est concentré sur de gros projets nationaux comme le TELT Lyon Turin et le Grand Paris.

La hausse des prix vous pénalise beaucoup ?

Les prix des matières premières se sont envolés et s’envolent encore avec ponctuellement des problèmes de pénurie. Entre 30 à 40% pour l’acier, l’énergie, le bois … Et comme bien d’autres métiers du BTP, nous connaissons des difficultés pour répercuter ces hausses. Des révisions de prix sont parfois mises en place, mais nous travaillons encore sur des anciens marchés à prix fermes, avec pour incidence des marges pour le moins rognées. Il faut aussi noter que les indices de révision sont en décalage avec la réalité. Les indices semestriels ou trimestriels sont dépassés, il faudrait passer au mois. Des négociations sont en cours, nous espérons qu’elles pourront aboutir.

Pour les nouveaux marchés, vous parvenez à intégrer l’inflation…

Sur les nouveaux appels d’offre, l’entreprise répond avec les prix dont elle dispose au moment où elle répond. Mais nous ne maîtrisons pas les offres de nos fournisseurs sur la durée. Il faut savoir par exemple que sur les micros pieux ou certains aciers, nous avons des offres qui ne durent que 24 ou 48 heures. Quand on sait que pour les travaux suivants, les appels d’offre peuvent commencer six mois voire un an plus tard, nous prenons des risques non négligeables. D’autant que les révisions de prix ne compensent pas tout, loin de là.

Dont les augmentations de masse salariale ?

Il y a déjà certaines entreprises qui ont anticipé l’inflation et commencé à augmenter la masse salariale en juillet. On parle de 8% en fin d’année. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un contexte difficile pour le recrutement avec une pénurie de main d’œuvre.

Les plus petits d’entre vous sont-ils en danger ?

L’impact sur les trésoreries des PME est bien réel. Elles doivent redoubler de vigilance dans le contexte actuel et privilégier des marchés à moindre risque.

Quelle est l’impulsion que vous souhaitez donner à votre présidence ?

Fédérer nos adhérents tout en restant optimiste. Rencontrer nos élus ainsi que nos donneurs d’ordre pour évoquer nos difficultés et notre besoin de visibilité. Promouvoir nos métiers auprès des jeunes tout en intégrant l’insertion. Dans tous les cas, nous devons être solidaires dans nos démarches. Notre chambre appartient à la section Travaux Publics, les présidents des huit chambres de la section se rencontrent régulièrement pour trouver des issues aux problématiques actuelles et lancer des actions destinées à améliorer notre quotidien. Nous avons travaillé sur les index comme nous l’avons évoqué, nous avons alerté nos clients sur le contexte nouveau dans lequel nous évoluons, et enfin nous essayons de remonter le moral des adhérents qui se heurtent chaque jour à une montagne. Il est essentiel de se fédérer et de pérenniser nos métiers.

Avez-vous quelques motifs de rester optimiste ?

Dans nos métiers, nous le sommes par essence. Nous savons que nous aurons peu de projets sur la Métropole alors à nous de regarder au-delà de nos frontières géographiques pour travailler.