René Coiro : « La rentrée sera marquée par la reprise des gros chantiers sur la Métropole »

René Coiro : « La rentrée sera marquée par la reprise des gros chantiers sur la Métropole »

René Coiro, président de l’entreprise Coiro, est président de la section TP de la fédération BTP Rhône et Métropole.

Comment les TP du Rhône abordent cette rentrée ?

Nous sommes toujours dans un contexte très compliqué avec le triptyque « hausse des prix-activité-recrutement ». Le premier semestre a en outre été marqué par une baisse de la commande publique comparée aux années de référence de près de 25% sur le territoire métropolitain. Heureusement pour les entreprises du secteur, la Métropole est maintenant en ordre de marche, les premiers gros chantiers, comme ceux du Sytral, sont annoncés pour cette rentrée, comme une lueur dans une conjoncture difficile que nous partageons avec bien d’autres secteurs d’activité.

Revenons sur l’inflation, quelle est la situation ?

Entre les carburants, le bois et l’acier, nous dépassons les 20% que nous avons beaucoup de mal à répercuter sur nos commandes. Pour les entreprises de terrassement, le carburant peut représenter jusqu’à 10% du chiffre d’affaires. J’ajoute que nous connaissons aussi de gros problèmes pour acquérir du matériel, poids-lourds ou engins de chantier. Aujourd’hui il faut deux ans pour être livré, avec des soucis de conformité par rapport à la commande et des surprises sur le prix de vente…

Vous rencontrez aussi des problèmes de pénurie ?

Oui, nous avons aujourd’hui des chantiers arrêtés à Lyon sur le chauffage urbain par manque de tuyaux en acier et fonte. D’autres chantiers sont au ralenti.

Pouvez-vous répercuter ces hausses de prix ?

Pour le privé on essaie de négocier au cas par cas. C’est très compliqué, certains gros chantiers ont dû être stoppés ou annulés. Les concessionnaires, eux, nous ont accordé une variation de prix entre 1 à 3,5%. Pour ce qui concerne la Métropole et donc les marchés publics, nous sommes actuellement en discussion pour obtenir des avenants sur les marchés en cours.

Dans quel état sont les entreprises de TP ?

Il y a des entreprises en difficulté, il ne faut pas se voiler la face, des PME indépendantes souffrent d’un manque de trésorerie. Les majors et leurs filiales, elles, connaissent des phases d’activité partielle, une dizaine d’entreprises du Rhône ont été concernées, avec 1500 salariés concernés avant l’été. Au vu de l’activité en berne sur le Rhône, les PME sont contraintes d’aller chercher les affaires hors de leurs frontières habituelles, dans toute la région AURA.

Ce contexte conjoncturel se traduit-il par une guerre des prix ?

Malheureusement, nous constatons en effet une baisse des prix. C’et la politique de la « terre brûlée ». Il faudrait que la profession reste raisonnable sur les prix pratiqués, même si je sais bien hélas que j’énonce ici un vœu pieu. L’activité partielle est sans doute préférable que le suicide tarifaire.

Est-ce que l’État vole à votre secours ?

Il y a un plan de relance qui est en train de se mettre en place. Et puis il y a eu la décision de publier les index chaque mois, ce qui est essentiel pour nous en période d’inflation, et était une nos demandes prioritaires. Par ailleurs l’ensemble des acteurs de la filière s’est réuni pour tenter de trouver des portes de sortie de crise et de meilleures pratiques. C’est compliqué mais un premier pas.

Autre point sensible évoqué plus haut, le recrutement ?

Nous ne sommes pas les seuls à en souffrir et ce n’est pas nouveau, mais nous n’arrivons plus à renouveler les salariés de terrain, terrassiers ou maçons. C’est un phénomène qui va nous suivre encore dans les années à venir, un vrai souci pour nos entreprises. D’autant que nous nous attendons je l’ai dit à une reprise à la rentrée des gros chantiers sur la Métropole après deux années vraiment difficiles.

Que faudrait-il faire en urgence pour soutenir le secteur des Travaux Publics ?

Je pense qu’il faut lisser la commande publique, c’est un vrai problème que je soulève souvent. Nous avons eu deux ans pratiquement à l’arrêt et nous allons avoir trois années de suractivité avec des problèmes de recrutement. Le lissage est un point fondamental sur lequel il faut avancer. Et puis nous constatons qu’il n’y a plus de gros chantiers de l’État sur la région Rhône-Alpes. C’est un problème. Un exemple, les chantiers des abords du Lyon-Turin ne sont toujours pas lancés.

La note positive pour conclure c’est le retour des appels d’offre de la Métropole ?

C’est la bonne nouvelle, oui, notamment avec des chantiers menés par le Sytral comme ceux du tramway.