Patrick Lozano, président de l’Unis Lyon-Rhône : « Il faut impérativement conserver EcoRenov’… et la simplifier »

Patrick Lozano, président de l’Unis Lyon-Rhône : « Il faut impérativement conserver EcoRenov’… et la simplifier »

Le livre blanc que la fédération BTP Lyon Métropole vient de publier à destination des élus est un véritable événement. Innovant, complet, synthétique, force de proposition, il est riche de l’ensemble des personnalités que la fédération a su réunir pour témoigner. Pour les élections, nous avons choisi de redonner la parole à quelques-unes d’entre elles.

 

Patrick Lozano, président de l’Unis Lyon-Rhône : « Il faut impérativement conserver EcoRenov’… et la simplifier »

 

Pourquoi avoir participé au livre blanc de la fédération BTP Rhône et métropole ?

Parce qu’il nous semblait normal d’interpeller les politiques sur l’important sujet du logement. Nous nous sommes dit qu’à la base nous avions des messages très politisés nationaux, mais que nous étions confrontés avant tout à des politiques locales. On a donc pu aborder ces politiques purement locales.

Quels thèmes avez-vous souhaité aborder ?

D’abord ce qui fonctionnait bien. Nous avons depuis quelques années la charte EcoRenov’ destinée aux copropriétaires occupants dans le cadre des travaux de rénovation énergétique. Près de 3000 logements ont été financés en 2018, pour un montant de travaux qui dépasse les 46 millions d’euros. C’est important et forcément ça a un lien avec les adhérents du BTP Rhône puisque ce sont des travaux qui ont été réalisés par des entreprises locales ou régionales. On a voulu dire qu’il fallait impérativement conserver cette plateforme EcoRenov’, la soutenir, pour qu’elle prenne de l’ampleur, mais que l’on pouvait améliorer le système. Car la démarche est jugée trop complexe par les Français. Comme souvent les gens sont découragés par ce millefeuille administratif – les dossiers sont colossaux. Ce que souhaitent les professionnels de l’immobilier, c’est que l’on puisse créer un guichet unique qui permettrait d’accélérer le traitement des « passoires thermiques ».

 

Qu’avez-vous souligné d’autre ?

De surtout ne pas encadrer les loyers du parc privé. Et de préserver ce qu’on a eu l’intelligence de faire à Lyon, un Observatoire local des loyers. On voit aujourd’hui que les loyers ont augmenté de 0,20% en moyenne à Lyon entre 2013 et 2017, en dessous de l’inflation à 0,60%. Encadrer les loyers comme à Paris n’est pas la solution. Ce qui fait augmenter les prix, c’est juste le manque de produits. Aujourd’hui à Lyon la moyenne est de 13,30 € le m2 en location. On a pris 1% de plus par rapport à l’an passé. C’est la sagesse lyonnaise, même si le deuxième et le sixième arrondissement flambent un peu… Il faut absolument conserver notre Observatoire. L’Unis l’a mis en place avec la FNAIM, pour avoir des prix précis rue par rue sur Lyon. Il va d’ailleurs servir de référence nationale.

Les prix de vente eux explosent…

Pour la même raison. L’absence de produits. Le PLUH n’a été débloqué qu’en juin 2019, auparavant tous les permis étaient bloqués. Nous n’avions aucune possibilité de construire. Au niveau national nous avons proposé des pistes de réflexion : au niveau des plus-values, des droits de succession, il faut réfléchir à des réformes pour débloquer du terrain. En gros, sim-pli-fier tout ce qui est lié au logement car on en a vraiment besoin.

Comment faire pour que les classes moyennes puissent encore acheter en ville ?

Une solution serait peut-être comme l’ont fait nos anciens d’avoir un terrain loué à un tiers et être propriétaire juste de son logement et non du sol avec des baux à 90 ans renouvelables… Ce qu’ont fait les Hospices Civils à l’époque.

Avez-vous été écoutés ou du moins entendus par les candidats aux élections locales ?

Pas sur tout. Nous avons par exemple un autre cheval de bataille, c’est la réglementation d’Airbnb. C’est une débandade totale. Il faut se donner les moyens de lutter contre Airbnb en se dotant de plus de contrôleurs. On a aujourd’hui au niveau locatif une pénurie de logements à Lyon, qui est due au démantèlement du réseau classique privé pour faire du Airbnb. On dit qu’il faut durcir la réglementation. La mairie de Lyon a mis en place des tickets d’entrée avec des déclarations, pour autant est-ce que les contrôles sont faits ? Je ne le pense pas. Il faut par ailleurs encourager le bailleur privé par un système fiscal différent, le mettre par exemple au niveau du bailleur public, afin que toute personne qui achète un appartement pour le louer dans le semi-public puisse le faire.

 

Mais l’État en a-t-il les moyens ?

Hélas aujourd’hui nous sommes rythmés par les possibilités de Bercy. Je pense qu’il faudra à terme créer un Bercy de l’Immobilier. Car dès que l’on aborde des réflexions sur l’immobilier on évoque la fiscalité. Il faut revoir par exemple le plafond des déficits fonciers pour favoriser les travaux. Ce déficit foncier n’a pas bougé depuis 1993 ! Aujourd’hui Bercy nous bloque totalement. Juste un chiffre. On parle toujours de dépenses liées à l’immobilier, jamais de recettes. Aujourd’hui c’est 42 milliards d’euros de dépenses de l’État pour le logement. Mais on oublie qu’il y a en face 62 milliards de recettes. Si on n’a pas un Bercy de l’Immobilier on n’y arrivera pas.

 

L’Unis est la première organisation de professionnels de l’immobilier qui représente tous les métiers du secteur : agents immobilier, gestionnaires locatifs, administrateurs de biens, experts immobiliers, promoteurs-rénovateurs. 2200 entreprises sont adhérentes (indépendants, réseaux et groupes) avec leurs 20 000 salariés Force de proposition et de réflexion sur les enjeux et problématiques de l’immobilier en France, l’Unis collabore auprès des pouvoirs publics et siège au sein des principales instances.
Source : site de l’Unis.