Nous avons un gros travail à faire, mais nous pouvons intéresser les jeunes et leurs parents à nos métiers, Dominique Gaudin CRHBTP

Nous avons un gros travail à faire, mais nous pouvons intéresser les jeunes et leurs parents à nos métiers, Dominique Gaudin CRHBTP

CRH BTP est en pleine actualité. D’abord parce que l’association vient de changer de président, mais ensuite et surtout parce que le plan de relance proposé par l’État est l’occasion de mettre l’accent sur les difficultés de recrutement du Bâtiment et des Travaux Publics et les solutions qu’il est possible d’apporter. CRH BTP en est une. CRH BTP ? Cela signifie « Compétences Ressources Humaines BTP », une association créée il y a 26 ans, tenue et animée aujourd’hui par une soixantaine de retraités des métiers du BTP.
Interview croisée de Claude Beurel, 74 ans, Directeur Régional d’Eurovia à la retraite, et de Dominique Gaudin, 70 ans, Directeur de Eiffage Construction Rhône-Loire à la retraite, l’ancien et le nouveau président.

Quel a été et quel est l’objet de CRH BTP ?

 Claude Beurel : L’association a été créée par quatre jeunes retraités de l’industrie routière qui voulaient continuer à être utiles d’une façon ou d’une autre à la profession. Dès le début son objet a été de faire la promotion des métiers du BTP. La fédération fait des offres de service aux collèges et aux lycées, et nous nous y rendons, soit avec un logiciel qui s’appelle « Magic Collège » pour les classes de 5e, soit des diaporamas pour les 3e et les lycées.

Dominique Gaudin : Je connais cette association depuis que j’ai eu à la recevoir comme président de la commission formation de BTP Rhône. Quand je les ai rencontrés, ils faisaient déjà des interventions dans les collèges, mais c’était tous des « routiers », ils cherchaient appui auprès de BTP Rhône. J’ai trouvé des gens très motivés et très sympathiques et nous avons commencé immédiatement à mettre en place une collaboration avec le service formation.

CRH BTP répond à une double équation : les problèmes de recrutement et le déficit d’image. Comment la résoudre ?

Claude Beurel : L’image du BTP n’étant pas reçue comme attrayante, nous apportons des témoignages montrant que nos métiers sont en fait modernes, très mécanisés, et qu’ils utilisent les nouvelles technologies, les tablettes, les ordinateurs, les dessins 3D … Dans les établissements scolaires nous avons face à nous deux types de population. Les 5e considèrent que le jeu « Magic Collège », qui consiste à construire un collège, est ludique, et leur fait toucher du doigt des métiers auxquels ils pourraient se référer plus tard. Pour les 3e, il s’agit plus de les orienter, leur présenter ce qu’ils peuvent faire avec un CAP, un brevet ou un bac pro et même au-delà avec des BTS et DUT.

Dominique Gaudin : Les effectifs du BTP ont diminué à un moment donné, les entreprises n’embauchaient plus. Est arrivé le moment où il a fallu se poser la question de la relève. Malheureusement, nos métiers n’étaient pas du tout attractifs. D’où l’idée il y a déjà 20-25 ans d’assurer une forme de promotion de ces métiers qui manquent de reconnaissance dans l’esprit des jeunes et de leurs parents. Nous avons un gros travail à faire, mais nous pouvons néanmoins les intéresser. Et je pense que nous pouvons même intéresser ceux qui nous disent sur le moment qu’ils ne le sont pas.

Claude, quelle a été votre marque sur votre présidence, et Dominique quelle impulsion souhaitez-vous donner à la vôtre ?

Claude Beurel : J’ai été élu il y a six ans. La marque, si l’on peut dire, a été non seulement d’avoir une collaboration très étroite avec la fédération, mais aussi d’avoir fait savoir à la FRTP et à Routes de France que nous avions des possibilités de promouvoir nos métiers. Dans le cadre de la FRTP, nous accompagnons par exemple les classes de seconde, première, et terminale du lycée Tony Garnier à Lyon, avec deux parrains par année. Ils les aident dans certains projets en leur apportant un peu de concret, et leur font visiter des chantiers.
Dominique Gaudin : L’association fonctionne déjà très bien et a une grosse capacité d’action collective. Il y a déjà une particularité, c’est que je suis le premier président à être issu du Bâtiment. Je tiens d’ailleurs à remercier et rendre hommage aux trois précédents présidents qui ont souhaité cette ouverture. Il me semble qu’il serait intéressant maintenant que des représentants d’autres métiers du bâtiment nous rejoignent. Cela nous permettrait d’être beaucoup plus larges dans nos présentations, et encore plus compétents et efficaces. Nous avons aussi l’occasion avec le plan de relance de collaborer avec les entreprises sur toutes les questions d’apprentissage et d’insertion professionnelle, des points sur lesquels nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice.

Une interview à retrouver dans le Journal du BTP de jeudi 8 octobre 2020.