Nous avons la chance d’être sur des marchés d’entretien, François CHARDINY

Nous avons la chance d’être sur des marchés d’entretien, François CHARDINY

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. François Chardiny, dirigeant depuis 2005 de Milliery Cleanair, entreprise d’une dizaine de salariés spécialisée dans le ramonage, le tubage et l’entretien des VMC, est le président de la chambre « Génie aéraulique et ramonage » de la section Équipement technique.

Quel est le champ de compétences de la chambre « Génie Aéraulique et Ramonage » ?

Avant, elle s’appelait chambre « Ramonage et Fumisterie ». Mais le terme fumisterie est tant galvaudé que je me suis dit qu’il fallait remettre du sens dans notre appellation. Le génie aéraulique, c’est toutes les sciences de circulation de fluides. Les fumées comme l’air sont des fluides gazeux. Comme nous faisons aussi beaucoup de VMC en plus du ramonage, c’était l’occasion de rebaptiser notre chambre. Nous sommes une vingtaine d’adhérents avec un taux de présentéisme très important. Dans le ramonage, il y a beaucoup d’artisans et de petites entreprises de père en fils. Dans la VMC et le nettoyage de gaines en revanche, il a y a de plus grosses sociétés, dont des groupes nationaux.

Quels sont vos donneurs d’ordre ?

Il y a de tout. Des conduits de fumée, il y en a partout, dans les villas, les immeubles, et tous les sites industriels ou tertiaires. Suivant la taille de leur entreprise, nos adhérents ont des marchés avec des particuliers uniquement, d’autres avec des particuliers et des régies d’immeubles, et certains ajoutent encore les industries et le tertiaire via des exploitants chauffagistes.

Vous travaillez toute l’année ou seulement en saison ?

Pour travailler toute l’année, il faut une certaine diversité de clients. Ce qui n’est pas le cas quand vous ne faîtes que du particulier, car en effet, janvier-février-mars sont des mois très creux puisque ce sont des mois de chauffe. Les entreprises qui interviennent en immeubles, et sur les sites industriels ou dans le tertiaire, n’ont pas d’autre choix que de répartir la charge de travail sur l’année si elles veulent fournir des prestations de qualité avec du personnel de qualité.

Vos entreprises ont dû s’arrêter pendant le confinement ?

Comme nous intervenons chez des particuliers, il a fallu que nous attendions en quelque sorte le feu vert gouvernemental pour recommencer à intervenir. Soit d’un à deux mois d’arrêt selon les entreprises. Mais nous avons essayé de rattraper ces semaines d’inactivité en mettant les bouchées doubles. Et globalement cela s’est bien passé avec les clients qui nous ont reçu chez eux. Au final, nous pouvons dire que la Covid ne nous a pas trop gênés.

Vous intervenez chez les gens, donc vous avez dû subir des surcoûts inhérents à cette proximité ?

C’était très compliqué de redémarrer parce que nous n’avions ni masque ni matériel de protection, et nos salariés travaillent le plus souvent à deux, et au contact des habitants chez qui nous intervenons. Personnellement, j’en avais puisque mes sociétés interviennent dans le milieu hospitalier et de l’industrie chimique, je les ai tous donnés à l’hôpital Saint-Luc en début de crise qui en manquait cruellement. J’ai eu beaucoup de mal à en retrouver. Heureusement la fédération nous a bien guidés. Sinon, aucun des surcoûts n’ont pu être répercutés.

Avez-vous eu à déplorer beaucoup de malades ?

La grosse problématique a été la gestion des cas contact. Si l’un de nos salariés l’était, l’ensemble de l’entreprise le devenait, ce n’était pas gérable.

Quelle est votre vision de l’avenir pour l’ensemble de votre secteur d’activité ?

Nous avons de la chance, nous sommes sur des marchés d’entretien. Sur Lyon, il y a un décret qui oblige les personnes à ramoner deux fois par an leurs conduits de fumée, alors que c’est une fois par an autour de la ville. Nous sommes donc relativement préservés. Le problème est et sera que d’autres sociétés qui ne sont pas du tout sur ce genre de marchés risquent de vouloir venir sur notre terrain pour remplir leurs carnets de commande. Je pense par exemple au tubage de cheminée qui peut intéresser les chauffagistes. L’autre problème est que selon moi les marchés vont diminuer. Dans toutes les régies de Lyon, les propriétaires risquent de moins voter de travaux neufs. Les chantiers qui resteront seront à prix cassés, donc nos marges vont s’en ressentir.

Quelle a été votre action comme président de chambre ?

J’ai pris contact régulièrement avec mes pairs et avons acheté des masques en commande groupée. On se sent plus forts quand on sait qu’on est plusieurs à avoir les mêmes problèmes.

©Photo de François Chardiny par Christophe Pouget.

Une interview à retrouver dans le JBTP du 31 décembre 2020.