Notre grosse crainte c’est l’effondrement du secteur du neuf en promotion, Raphaël DUFER

Notre grosse crainte c’est l’effondrement du secteur du neuf en promotion, Raphaël DUFER

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Raphaël Dufer, co-gérant avec Dominique Aubry du groupe Chanel (180 personnes entre Vénissieux, Grenoble, les Savoies et Valence) est le co-président par interim de la chambre « Peintres, plâtriers, façadiers, staffeurs » de la section finition.

Quel est le champ de compétence de la chambre des « peintres, plâtriers, façadiers, staffeurs » ?

Vous pouvez rajouter « cloison amovible », puisqu’un de nos adhérents en fait. La chambre compte environ 80 adhérents, avec des entreprises d’un à cinq salariés jusqu’au groupe de plus de 100 salariés.

 

Quels sont vos donneurs d’ordre ?

La promotion tertiaire ou de logements, avec de gros lots en plâtrerie-peinture. Mais aussi le parc social, notamment avec tout ce qui est réhabilitation ; les régies et les syndics pour des cages d’escaliers ou des ravalements de façades ; et enfin tout le secteur public pour des lycées et des collèges… Nous intervenons chez tous les acteurs de la construction.

 

Vous êtes « tendance » avec les plans de soutien de l’État ou des collectivités sur la rénovation énergétique ?

Nous avons une grosse dizaine de façadiers parmi nos adhérents. Pour eux en effet, avec les moyens mis en place pour la rénovation énergétique, la relance est bien là. Les directives viennent de sortir, il y aura des crédits d’impôt ou un renfort des aides dans un cadre de rénovation globale et pas seulement de ravalement de façade. Tous les acteurs de la rénovation énergétique auront en effet une meilleure visibilité.

 

Et pour les autres ?

Les carnets de commandes étaient assez bien garnis en mars, avant le confinement. Aujourd’hui, il y a encore un peu d’inertie sur les appels d’offres, mais notre grosse crainte c’est l’effondrement du secteur du neuf, en promotion. Car en plus des effets de la covid, il y a les changements inhérents aux élections dans les mairies et la métropole qui ralentissent la délivrance des permis de construire.

 

Vous avez globalement une visibilité jusqu’à la fin de l’année 2020 ?

Un peu plus. La particularité de l’entreprise de plâtrerie-peinture, c’est d’avoir un peu de profondeur sur les carnets de commandes, puisqu’en neuf comme en rénovation les acteurs de l’immobilier souhaitent avoir leurs marchés signés au démarrage d’un projet. Comme nous nous arrivons en fin de chantier, cela nous donne cette profondeur. Nos craintes sont pour septembre 2021 et bien sûr 2022. Nous sommes les derniers à entrer dans les crises et donc les derniers à en sortir.

 

Comment vous adhérents ont-ils vécu le confinement ?

Tout le monde s’est arrêté au lendemain du discours du président. En revanche, nous avons repris très tôt. Notamment les façadiers. Dès qu’on a eu le protocole de l’OPPBTP, de nombreux adhérents ont repris les chantiers.

 

Est-ce que, comme dans d’autres secteurs, vous avez d’abord repris chez les particuliers ?

Non, cela a été très compliqué, c’est chez les particuliers que nous avons repris le plus tard. Nous avons pu constater des craintes à nous voir revenir dans les logements occupés et nombre de chantiers ont été repoussés à l’été, voire en septembre. Et là, avec la deuxième vague, nous sommes également inquiets que des chantiers soient de nouveau arrêtés.

 

Vos adhérents ont connu en gros deux mois de perte d’exploitation ?

Plutôt six semaines. 2020 ne va pas être trop catastrophique. Nos adhérents vont faire globalement une année normale, si j’en crois leurs retours. Le problème, c’est bien la suite.

 

Comment s’est passée la répartition des surcoûts ?

Il y a eu une petite prise en charge par certains maîtres d’ouvrage, notamment tout le secteur public, les bailleurs sociaux…

 

Constatez-vous aujourd’hui une tension sur les prix ?

Oui, depuis cet été. Les prix sont partis à la baisse. Mon discours aux adhérents est le suivant : « si vous faites -10 sur les prix, sur des volumes qui font déjà -20, cela fait -30 au total… Or, à -30 nos entreprises ne survivent pas ».

 

Quel a été votre engagement comme président de chambre ?

Pour nous, cela a été particulier. Le président de la chambre, Pierre Palley (Bourdin), est décédé juste avant le confinement. C’était un président très actif. Avec Philippe Capezzone, nous cogérons la chambre depuis sa disparition. Nous avons fait beaucoup de visio-conférences, de nombreuses réunions de bureau, plusieurs par semaine, et même deux réunions de chambre. Nous avons été très proches de la fédération BTP Rhône, dont les équipes ont été exemplaires. D’ailleurs l’ensemble du secteur du BTP a été exemplaire me semble-t-il sur la gestion de la crise.

 

Une interview à retrouver dans le Journal du BTP de jeudi 22 octobre 2020.