L’innovation, ce n’est pas seulement ce que vous croyez

L’innovation, ce n’est pas seulement ce que vous croyez

A l’initiative du groupe « Jeunes dirigeants » et de sa présidente Oriane Viguier, une « soirée de l’innovation » a réuni la semaine passée exposants et adhérents de la fédération BTP Rhône et Métropole au Campus numérique de Charbonnières. L’occasion pour les entrepreneurs présents de se rappeler s’il en était besoin que l’innovation se niche dans tous les domaines de leur activité, sans exclusive, mais aussi de découvrir des « pépites » qui peuvent transformer le quotidien de leurs équipes.

Nous en avons retenu deux, une start-up et une association, inventives et terriblement séduisantes, déjà efficaces et attendues. Et au fil de notre visite nous avons bien évidemment donné la parole à quelques-uns de ceux qui font le succès d’une telle opération : les adhérents, dont celles et ceux qui les guident à la fédération.

Oriane Viguier, présidente du groupe Jeunes et présidente de Legros TP :

« L’innovation peut être technique, managériale, elle a plein de facettes que nous avons essayé d’illustrer avec plusieurs stands. Cette soirée est surtout destinée à acculturer, à donner envie aux adhérents d’être curieux, de voir ce qui est possible pour changer nos modes de fonctionnement parfois un peu archaïques. L’idée est aussi de se dire que plein de jeunes auront envie de venir dans nos entreprises parce que nous aurons un fonctionnement un peu plus moderne ».

Samuel Minot, président de la Fédération BTP Rhône et Métropole :

« Nos entreprises ont beaucoup de besoins. Dans la transition écologique et le bas carbone, des enjeux majeurs ; dans la gestion des ressources humaines et leur productivité chantier ; des besoins sur des sujets extrêmement nombreux, et cela me fait plaisir de voir l’ensemble du panorama de réponses que les exposants apportent parce que les demandes sont plurielles, les entreprises sont plurielles… Si j’ai un conseil à leur donner : accompagnez bien nos entreprises dans l’intégration des solutions que vous proposez, dans l’acculturation de ces solutions. Car jamais un logiciel n’a réglé des problèmes d’entreprises ».

Ali Sert, fondateur et dirigeant d’Universal Étanchéité, et Alice Gilbert, chargée d’affaires, (Corbas, 8 personnes). Nouveaux adhérents :

« Nous voulions voir ce qui se passe sur le marché en termes d’innovation, notamment sur les nouvelles technologies qui peuvent arriver sur le marché du BTP. Mais tout le package Innovation nous intéresse ».

Benjamin Cerniaud, DG de Christin, Plombier-chauffagiste à Saint-Genis-Laval (40 personnes) :

« L’innovation, c’est nous faciliter le quotidien dans toute notre activité, sur le numérique ou la mise en place, mais aussi sur le chantier proprement dit avec la recherche d’aides à la facilité d’intervention, et à la prévention de tout ce qui est troubles musculosquelettiques pour faciliter la vie de nos salariés. L’innovation, ce n’est pas seulement le volet technique, ce sont également les domaines de la sécurité, des ressources humaines, ou encore le BIM même s’il est compliqué à mettre en œuvre ».

Benjamin Perrin, directeur Innovation Eiffage Construction à Lyon, création de poste :

« L’innovation, c’est s’ouvrir et se donner le droit d’expérimenter des nouveautés tous azimuts, des innovations chantiers et produits mais aussi des innovations sur des dispositifs RH, des modes de collaboration etc. Eiffage a créé ce poste parce qu’on s’est rendu compte qu’on avait du mal à sortir du cadre sur ces sujets, et nous comptions trop sur nos opérationnels pour voir différemment et travailler sur leurs problèmes en étant du coup juges et parties. Créer ce poste est déjà une innovation en soi, il est même doté d’un budget, modeste, mais qui permet de lever les premiers freins. L’innovation, c’est intégrer la nouveauté dans nos processus ».

Les « pépites »

PAINTUP, le robot collaboratif de traitement de façade, peinture, décapage, perçage…

PaintUP est une société spécialisée dans le développement de machines pour la robotisation des tâches pénibles en hauteur. Comme ce robot autonome perché sur un élévateur capable de nettoyer, décaper, peindre ou percer sur des façades d’immeubles jusqu’à 10 étages et moins de 30mètres.

L’idée est d’améliorer significativement :

  • La sécurité en réduisant la nécessité d’avoir recours au travail en hauteur. Mais aussi grâce à une réduction drastique des risques de Troubles Musculosquelettiques (TMS).
  • La rapidité d’intervention grâce à une cadence élevée constante jusqu’à 24h/jour assurant le respect des délais cadence.
  • La qualité de la prestation qui est constante : précision et régularité de déplacement des outils se traduisent par une grande homogénéité du résultat final.
  • Et enfin l’absence d’échafaudage qui permet une main d’œuvre réduite.

Romaric Gomart, fondateur et président, Villefranche sur Saône :

« Aujourd’hui, nous avons réalisé une dizaine de chantiers, essentiellement de la rénovation, soit 20 000 m2. Nous numérisons la façade, nous utilisons ensuite un logiciel de génération de trajectoires qui dirigera le robot pour le nettoyage et la peinture. Auparavant, nous avons reconnu le support, sélectionné la peinture et la mécanisation – accompagnés par Wagner, spécialiste en mécanisation – et procédé à des campagnes d’essais pour déterminer les meilleurs réglages, jusqu’à gérer l’épaisseur de peinture en réglant la vitesse du robot. Le but premier est de se passer d’échafaudages. Pour nous adapter aux conditions climatiques comme le vent porteur de poussières, nous utilisons un pistolet très proche de la façade et des peintures adaptées. Enfin, pour nous préparer à la rénovation thermique des bâtiments, nous avons développé le perçage. Il s’agit de pré-percer les façades des bâtiments comme un meuble en kit, de faire fabriquer par un menuisier industriel des panneaux de vêture de grande dimension, ce qui permet ensuite de procéder à un montage accéléré ».

MINEKA, L’association qui facilite le réemploi en collectant, stockant, et en remettant en circulation à prix « solidaires » des matériaux destinés à la benne

Créé en 2016, Minéka est le chainon manquant de la filière dont l’écho prend de plus en plus de force au fur et à mesure que l’économie circulaire passe de notion à réalité. L’idée est simplissime. Collecter sur les chantiers toutes sortes de matériaux auparavant jetés, les stocker, et les proposer à d’éventuels acquéreurs, particuliers ou entrepreneurs.

Moins de recyclage ou de décharges sauvages, moins d’utilisation des ressources, et des prix défiants toute concurrence pour un accès aux travaux aux plus démunis.

L’association est structurée en deux pôles : la collecte et la revente aux professionnels ou particuliers à prix cassés ; le conseil et l’accompagnement des maîtres d’œuvre dans leur démarche de réemploi.

Lucas Griffay, chargé de partenariat et collecte

« Nous proposons des solutions de réemploi pour les matériaux afin qu’ils ne soient pas jetés à la benne. Le réemploi, c’est vraiment donner une seconde vie aux matériaux et éléments. Nous avons un millier d’entreprises adhérentes qui cotisent en fonction du nombre de salariés, et nous faisons payer nos collectes 50 euros par camion, collectes que nous stockons rue de la Poudrette, à Villeurbanne. Les particuliers et entreprises intéressées par le réemploi ou des matériaux avec cachet peuvent venir voir sur place ce qui est disponible ou aller sur notre catalogue en ligne. Nous sommes aussi sur les réseaux sociaux ».

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 10 octobre 2022.