Il y aura fatalement une baisse des prix, notamment dans les TP, Marie-Myriam FAVRE

Il y aura fatalement une baisse des prix, notamment dans les TP, Marie-Myriam FAVRE

Au sein de la Fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Marie-Myriam Favre, dirigeante de Chopin Jean-Paul SAS, une entreprise de charpente- couverture créée en 1982 (dix salariés) basée au Perréon, est la présidente de la chambre territoriale du Beaujolais.

Quelle est l’étendue géographique de votre territoire du Beaujolais ?

Le territoire rassemble trois communautés de communes, Belleville, Villefranche, et Pierres Dorées.

Quelles sont les spécificités de votre chambre ?

Nous regroupons aussi bien des entreprises de TP que du bâtiment, nous avons même avec nous depuis quelques années les promoteurs immobiliers… Nous travaillons avec nos problématiques, pas toujours les mêmes que celles de la Métropole lyonnaise, il s’agit avant tout de gérer la proximité avec nos 162 adhérents qui sont également rattachés à une chambre professionnelle. Nous représentons 2000 emplois salariés, avec une majorité dans les TP, surtout de grosses entités, alors que dans le bâtiment, il s’agit plutôt de petites entreprises et d’artisans. Et enfin, nous avons un bureau à Villefranche avec un animateur territorial.

Comment vos adhérents ont vécu la période de confinement de mars et sa sortie ?

La plupart se sont arrêtés. Mais nous avons repris assez rapidement, notamment les plus petites entreprises, car moins on est nombreux et plus il est facile de s’organiser. La reprise a aussi été fonction de la typologie des chantiers, ceux qui travaillaient avec les marchés publics étaient par exemple bloqués, ceux qui travaillaient chez les particuliers – je pense aux carreleurs, aux peintres, etc., étaient également souvent arrêtés. En revanche, pour des activités à l’extérieur, comme les maçons, c’était plus simple de travailler. C’est vraiment le type de clientèle et le genre de chantiers qui ont engendré la reprise.

Comment cela s’est passé avec vos collectivités territoriales, pour les surcoûts par exemple ?

Certains ont pris en charge les surcoûts, ils ont mis en place des bases de vie avec intervention d’agents d’entretien et de nettoyage ; pour d’autres, il ne s’agissait que d’une participation, mais grosso modo les collectivités ont joué le jeu.

Et pour la reprise, ont-elles joué le jeu en accélérant les choses afin qu’il y ait des appels d’offre ?

Il y a quand même eu une latence due aux élections municipales avec ce temps passé entre les deux tours. Le confinement a été très compliqué au niveau de l’urbanisme, les études de dossiers ont été ralenties voire stoppées… Il ne s’est vraiment rien passé pendant ces deux mois, et cette perte de temps ne peut se rattraper. Des projets sont encore en attente, ce qui va nous engendrer un creux de vague dans les prochains mois.

Les appels d’offre sont repartis ?

Doucement. Les élus sont conscients qu’il faut relancer la machine par l’investissement et les marchés publics. En ce moment, ils sont dans les projections de projets sur les six ans de leur mandature, je pense que cela va « actionner » en début d’année prochaine. Covid ou pas Covid, nous aurions eu de toute façon cette période de latence. A noter qu’ils ont tout de même nombre de dotations liées aux bénéfices des entreprises, ils ne savent donc pas trop sur quels budgets compter pour les années à venir.

Avez-vous des secteurs d’activité qui ont plus souffert que d’autres ?

Oui les TP. Il y a beaucoup d’inquiétude les concernant. D’autant qu’ils subissent maintenant la concurrence d’autres départements qui viennent tout d’un coup tenter de travailler sur le secteur.

Vous assistez à une baisse des prix ?

Il y aura fatalement une baisse des prix, notamment dans les TP. Dans le bâtiment pas encore. Mais selon moi c’est inévitable, puisque la part de gâteau se réduit. C’est pour cela que nous allons à la rencontre des élus afin qu’ils relancent au plus vite les marchés publics. Nous avons besoin de visibilité, si nous en manquons nous allons devoir ajuster avec la main d’œuvre. Nous insistons également auprès d’eux sur la constitution des appels d’offre, le prix ne doit être qu’un élément de prise de décision. Je crois que nous sommes entendus sur ce point.

Quel a été votre engagement en tant que président de chambre pendant ce confinement N°1 ?

Porter la voix des adhérents du Beaujolais auprès de BTP Rhône, donner des interviews auprès des médias locaux, et chercher si des adhérents étaient plus fragiles que d’autres afin de pouvoir les conseiller ou les aider en les dirigeant sur les permanents de la fédération qui ont fait un énorme travail.

Vous avez eu de nouveaux adhérents ?

Oui, effectivement, pour les raisons que je viens d’évoquer.

 

©Photo de Marie-Myriam FAVRE par Christophe Pouget.

Une interview à retrouver dans le JBTP du 7 janvier 2021.