Recyclage : quelles solutions pour les déchets ultimes ?

Recyclage : quelles solutions pour les déchets ultimes ?

Une réduction importante des volumes de déchets ultimes accueillis en ISDND (1) fin 2018. Une nouvelle réduction fin 2019. Des baisses imposées, chaque fois accompagnées d’une hausse des tarifs. Les adhérents de la chambre de recyclage dénoncent les travers de la loi de Transition énergétique.

La situation est paradoxale. La collecte et le tri des déchets du BTP ont beaucoup progressé, mais pour quelques matériaux, les filières de valorisation ne se sont plus au rendez-vous.

Membres du bureau de la chambre syndicale de recyclage de la fédération, Thierry de Gaspéris (Rhône Environnement), David Hernandez (DBS) et Julien Joubert (SERDEX), tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Avec une urgence accrue, tant la situation s’aggrave depuis un an, au point que le nombre de décharges sauvages tend à se multiplier…

… Un paradoxe, alors que la cause même du problème, à savoir la restriction de l’accueil de déchets ultimes en sites d’enfouissement voulue par la loi “Transition énergétique pour la croissance verte” vise l’objectif inverse : la disparition des décharges sauvages via une meilleure gestion des déchets du BTP.

Spécialisées dans le regroupement, le tri, la valorisation et le recyclage des déchets du BTP, les entreprises de la chambre syndicale voient en effet leurs quotas de déchets non valorisables accueillis en ISDND diminuer significativement cette fin 2019, réduction qui s’ajoute à celle déjà subie l’an dernier à pareille époque.

D’où deux conséquences directes sur leur activité.

Tout d’abord, les déchets ultimes non valorisables, issus des opérations de tri, s’accumulent sur leur site d’exploitation, ce qui limite leur capacité à accueillir des déchets de chantier, alors même que les clients affluent du fait d’une conjoncture bien orientée.

Ensuite, la nouvelle hausse des prix de 15 % pratiquée en amont par le centre d’enfouissement de référence du département (2) se répercute logiquement en aval sur leurs clients.

Cette limitation imposée par la loi a aussi un impact important sur l’activité du BTP.

En effet, que feront à l’avenir les entreprises du secteur qui ne pourront évacuer leurs déchets sur les plateformes de recyclage faute de capacité d’accueil, ou qui ne pourront faire face à des prix en nette augmentation, alors que leurs marges ne cessent de se réduire ?, interroge le trio.

Ils dénoncent alors cette situation que ne prend pas en compte les investissements réalisés depuis par les adhérents de la chambre syndicales pour être plus performants, dans l’équipement réalisant le tri des déchets notamment.

 

Un second problème

Selon eux, ces restrictions d’accueil de déchets ultimes, qui, au niveau national, vise à encourager le recyclage des déchets du BTP là où il est encore relativement peu développé, n’a donc pas à s’appliquer dans les mêmes proportions dans le Rhône, particulièrement en pointe dans ce domaine.

Une considération qui les conduit à soulever un second problème. S’ils rencontrent des difficultés accrues pour se défaire de leurs déchets ultimes, ils peinent aussi à évacuer certains types de déchets (papier, carton, bois, plastique notamment) faute de disposer de filières de valorisation à proximité. Les solutions palliatives, l’Italie pour le bois par exemple, tendent à disparaitre.

Pour eux, la situation est paradoxale. La collecte et le tri des déchets du BTP ont beaucoup progressé, mais pour quelques matériaux, les filières de valorisation ne se sont plus au rendez-vous.

Qu’allons-nous faire de ces déchets ?, se demandent les trois entrepreneurs.

Or, des solutions existent. Ils citent l’exemple de voisins européens qui installent des centrales de chauffage alimentées par des déchets de bois (3). D’autant que le bilan carbone d’une telle solution est bien meilleur que celui qu’affiche le transport de milliers de tonnes de bois vers l’Italie…

 

  • ISDND : Installation de stockage de déchets non dangereux
  • Une augmentation liée à la baisse des volumes de déchets acceptés sur son site qu’impose la loi de Transition énergétique
  • Ces centrales sont équipées de filtres limitant drastiquement les émanations polluantes

Article publié dans le Journal du BTP du 5 décembre 2019.