Lilian Vallet : « Je vais essayer de devenir Meilleur Ouvrier de France »

Lilian Vallet : « Je vais essayer de devenir Meilleur Ouvrier de France »

Laura et Lilian, 24 et 20 ans, ont été les « guest stars » de l’Assemblée générale de BTP Rhône et Métropole le jeudi 30 juin dernier au Matmut Stadium de Gerland. Entourés d’Éric Doublier et Guillaume Targe, référents Worldskills FFB AURA, ils sont montés sur scène avec leurs médailles obtenues respectivement à la 45ème et 46ème éditions des Worldskills, section Miroiterie. Laura est championne d’Europe, Lilian champion de France, en lice pour les championnats d’Europe. Ils travaillent tous les deux à la miroiterie Targe à Lyon. Interviewes.

Comment êtes-vous devenu miroitier ?

C’est un pur hasard. Je suivais une formation « menuiserie aluminium » au CFA de Dardilly – CAP et un BP en alternance dans une entreprise de Saint-Martin en Bresse, et au cours de cette formation on apprend à travailler le verre. C’est là que j’ai découvert et aimé la matière et le métier. La matière – le verre – et la façon de le travailler, ce qu’on peut obtenir au final, m’ont tout de suite séduit.

Au point de vous présenter aux Worldskills ?

C’est mon professeur qui m’a proposé de participer au concours… Il a considéré que j’avais un bon niveau en miroiterie, et m’a convaincu de me lancer. Il m’a beaucoup aidé pour préparer l’épreuve régionale, il faut beaucoup d’entraînement pour maitriser les gestes à la perfection. On a donc beaucoup travaillé la technique, la vitesse et la précision.

La technique en miroiterie c’est quoi ?

La découpe, le façonnage et le collage.

Le façonnage ?

Il s’agit de poncer le verre comme on ponce du bois. Quand on coupe du verre la tranche est coupante, il faut donc façonner.

Et pourquoi coller ?

Pour faire des meubles en verre ou de l’agencement, des tables, des tiroirs ou autres, il faut coller les verres entre eux, avec une colle à l’UV, un peu comme chez le dentiste…

Vous connaissiez le sujet du concours ?

Pas du tout. Il a donc fallu s’entraîner un peu à tout. Pour l’épreuve régionale par exemple, au CFA de Dardilly en 2019, Il a fallu réaliser une lampe avec des formes concaves et convexes. Douze heures d’épreuve.

Épreuve que vous avez donc remportée. Beaucoup de fierté ?

De la joie aussi. C’est un titre, un prix ça fait toujours plaisir. C’est sur ce concours que j’ai rencontré Guillaume Targe, chez qui je travaille aujourd’hui à l’atelier et où je devais passer une année de bac Pro et mon BTS.

Vous avez abandonné le projet de BTS ?

Je l’ai repoussé. Comme je suis champion de France, je me prépare pour les épreuves européennes en 2023. Je ne voulais pas avoir le BTS et l’entraînement en même temps.

Alors, revenons sur ce championnat de France en janvier 2022 à Eurexpo ?

Nous avons eu une table basse à réaliser. Vingt-trois heures d’épreuve en deux phases – la première à Orléans – et un très bon niveau. Là aussi avec des formes concaves et convexes… Et puis le stress à gérer, c’était complètement différent de l’épreuve régionale. La gestion du stress, c’est 50% du concours. Ensuite bien sûr il faut savoir gérer son temps.

Et encore un gros coup d’émotion j’imagine lors des résultats ?

Ah oui ! Ils ont affiché les trois premiers en commençant par le troisième… J’étais dans les gradins avec les autres compétiteurs de la région et mon patron.

Que vous apporte ou va vous apporter ce titre selon vous ?

Des connaissances surtout, des contacts. De l’expérience aussi. En s’entraînant beaucoup on apprend plein de choses plus rapidement. Et une autre vision des choses.

Qu’est-ce que cela a changé pour vous, dans votre comportement ?

Beaucoup de choses, même si j’avais déjà de beaux projets. Par exemple avant ce concours je n’envisageais pas de devenir meilleur ouvrier de France (MOF), maintenant oui.

Et à l’atelier, on vous regarde différemment ?

Oui, il y a du respect. Mais ce que l’on fait en concours, on ne le fait pas souvent en entreprise, surtout en France. C’est très rare de voir une commande de table basse comme celle que j’ai réalisée pour le concours national.

Cela vous démange d’aller voir ailleurs, dans un autre pays ?

C’est prévu. Après mon BTS je pars à l’étranger pour travailler, je pense au Luxembourg ou en Autriche. Chez eux, la miroiterie de haut de gamme est plus demandée.

Vous êtes bilingue ?

Non pas encore… J’essaie, j’apprends l’anglais, d’autant que pour le concours européen les sujets et les consignes sont en anglais.

Pour finir, vous connaissiez vos capacités artistiques avant de vous lancer dans la miroiterie ?

J’avais déjà un petit côté artiste quand je travaillais le bois chez mes parents. Avec le verre, ce volet s’est amplifié, j’ai du goût pour les beaux objets.