Les pouvoirs publics ont de gros efforts à faire pour travailler en commun avec nous, Nicolas ROIRET

Les pouvoirs publics ont de gros efforts à faire pour travailler en commun avec nous, Nicolas ROIRET

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, sept commissions réunissant un large éventail d’intervenants planchent sur le présent et surtout l’avenir du secteur. Nicolas Roiret, dirigeant de Botta SAS (plâtrerie, peinture et plafonds suspendus), dont le siège est à Villeurbanne, est le président de la commission sociale.

Quel est l’objet de la commission que vous présidez ?

La commission a pour but historique de négocier au niveau départemental les indemnités de petits déplacements, système conventionnel de remboursement de frais professionnels pour les ouvriers du bâtiment. Cela se traduit bien sûr par une activité chargée en fin d’année, période habituelle de négociation avec les organisations syndicales de salariés avec pour objectif de trouver un accord sur le montant de ces indemnités.

La commission anime également un groupe DRH, dont la finalité est de donner un lieu d’échanges et d’information aux intervenants et personnels des ressources humaines pour leur permettre d’approfondir certains thèmes au cœur des missions RH, fournir des axes de travail et de réflexion, contribuer aux échanges de pratiques favorables à un enrichissement commun… C’est aussi l’occasion, pour les acteurs des RH de faire remonter à la Fédération leurs problématiques propres.

En tant que président je suis aussi en lien avec les organismes sociaux et d’insertion que je connais bien puisque je suis par ailleurs président du GEIQ69, le Groupement des Employeurs pour l’Insertion et la Qualification dans le Bâtiment. Et pour terminer, le rôle de la commission est de travailler avec les services juridiques de BTP Rhône en cas de réforme, nouvelles règles de droit ou lois, qui intéressent la partie sociale.

Dans le contexte actuel on a beaucoup fait appel à vous ?

Oui, mais plutôt sur le printemps. Globalement l’actualité Covid a été bien gérée dans le Bâtiment. Il y a eu peu de soucis majeurs du point de vue sanitaire ; il n’y a pas eu par exemple de gros cluster, aujourd’hui les chantiers sont bien organisés, les entreprises disposent du matériel nécessaire… Il y a eu un gros trou en mars-avril derniers, mais depuis les entreprises tournent, plus ou moins bien – on connaît les difficultés des Travaux Publics, mais elles tournent. Il n’y a plus ou presque pas de chômage partiel dans le Bâtiment.

Qu’est-ce qui pose vraiment problème concernant les problèmes de recrutement qui plombent votre activité depuis des années ?

C’est de la communication, de l’image beaucoup Il faut donner l’envie aux jeunes de se diriger vers nos métiers, il faut leur faire comprendre que le Bâtiment est un secteur d’activité fabuleux où l’on part de rien pour parvenir à des réalisations fantastiques dont on peut être fier, que l’on fasse de la maçonnerie, de la peinture ou de l’électricité. Il faut aussi leur rappeler que le Bâtiment reste un lieu où l’ascenseur social existe encore, un lieu où la convivialité, l’esprit d’équipe et la camaraderie perdurent…

Pour les convaincre, comment faire ?

Par des forums, des interventions dans les centres de formation, les IUT… nous sommes nombreux à nous investir dans tout cela. Nous essayons aussi de travailler avec les bailleurs sociaux pour aller présenter nos métiers directement dans les résidences, avec des petits films ou autres moyens.

Est-ce que les jeunes peinent à trouver des stages dans le Bâtiment comme ailleurs ?

Il y a eu un gros frein au printemps dernier car personne n’a souhaité prendre des risques supplémentaires en renforçant ses équipes, mais aujourd’hui les entreprises jouent globalement le jeu même si elles doivent faire face à la restriction du nombre de personnes sur les chantiers, au respect des mesures barrières, et surtout à une activité économique un peu faible.

Avez-vous travaillé sur les effets sociaux de la pandémie ?

Il y a eu la peur sanitaire. Il a fallu rassurer, montrer que les protocoles permettaient de tout sécuriser au mieux, il y a eu une sorte d’angoisse lors du redémarrage. Pendant le confinement, il a fallu gérer ceux qui voulaient retourner au plus vite au travail à la fois parce que le métier leur manquait mais aussi pour ressortir de chez eux. Aujourd’hui, on gère plus souvent des angoisses des personnels contraints au télétravail qui manquent de lien social. Nous nous posons d’ailleurs des questions, notamment avec les syndicats, sur l’avenir du travail à distance.

Quels sont vos souhaits en tant que président de la commission sociale ?

Je pense qu’il faut qu’on arrive à avoir plus d’échanges, de fluidité, avec nos élus, qu’ils ne soient pas seulement dans le répressif et que nous arrivions à travailler ensemble et non les uns contre les autres. Je pense par exemple à l’insertion, on nous impose des clauses, on nous demande de prendre des jeunes, ce que l’on fait tous… Qu’ils nous aident plutôt à trouver des candidats à insérer. Les pouvoirs publics ont de gros efforts à faire pour travailler en commun avec nous.

 

Une interview à retrouver dans le JBTP du 11 mars 2021