David GUIO, président de Cobaty Lyon Métropole : « Lyon manque d’ambition »

David GUIO, président de Cobaty Lyon Métropole : « Lyon manque d’ambition »

Le livre blanc que la fédération BTP Lyon Métropole vient de publier à destination des élus est un véritable événement. Innovant, complet, synthétique, force de proposition, il est riche de l’ensemble des personnalités que la fédération a su réunir pour témoigner. Pour les élections, nous avons choisi de redonner la parole à quelques-unes d’entre elles.

Pourquoi avoir accepté de participer au livre blanc de la Fédération de BTP Rhône et Métropole destiné aux futurs élus ?

Il faut saluer l’initiative de la fédération, Samuel Minot sait mettre des passerelles entre tous ceux qui font l’acte de construire. On a rebondi à 200% en partageant nos expériences et notre culture. Nous avons souhaité travailler sur les mobilités parce qu’elles impliquent les travaux publics, les nouvelles énergies et la construction, et puis sur le rayonnement de Lyon auquel je suis très attaché. D’ailleurs, je le dis tout de suite : Lyon manque d’ambition. Quand on prend la carte de l’Europe et que l’on voit où est positionnée la ville, avec ses fleuves, son aéroport, ses axes routiers, ses voies ferrées, Lyon a tous les équipements pour être la capitale de l’Europe et elle ne l’est pas.

 

Qu’est-ce qui bloque ?

Elle est attractive mais elle a des freins. Exemple, le tunnel de Fourvière. Il faut donc contourner Lyon. Qu’importe comment on va appeler l’Anneau des Sciences, mais il faudra désenclaver cette ville. Le déclassement de l’A6-A7, très bien… Mais on les envoie où les voitures ?  On veut développer le couloir de la chimie, faire venir des entreprises. Très bien. Mais il faut pouvoir accueillir les salariés qui vont regarder quoi ? Le logement mais aussi la mobilité. Comment je me rends sur mon lieu de travail sans prendre la voiture ? Comment je rentre dans la ville ? Dire aujourd’hui qu’il n’y a pas de problèmes de mobilité à Lyon, c’est mentir. Il y a des problèmes de mobilité « extra » – comment je rentre dans Lyon et comment je le contourne – et des problèmes de mobilité « intra », les transports en commun. C’est impossible aujourd’hui de circuler à Lyon.

 

Les projets s’entassent et s’enlisent depuis vingt ans !

Trente ans ! On a construit la rocade à deux fois deux voies alors qu’on savait qu’elle était déjà trop juste. On parle de l’A432, de la sortie de la rocade à Manissieux ? Mais Ternay est déjà saturé. Alors on dit qu’il faut aller plus au sud. D’accord, mais où ? On va repartir sur trente ans d’études ? Mais on ne peut pas attendre 30 ans ! On n’accède plus à Lyon et Lyon n’est plus accessible. Regardez le tunnel ferroviaire des deux Amants dont tout le monde parle aujourd’hui. Cela fait trente ans qu’on en parle ! Pourquoi cela n’a pas été fait ?

 

Est-ce que le problème est politique ?

Pour moi oui. Il faut renverser la table. On ne peut pas dire Lyon doit être une capitale, Lyon doit rayonner, et rester dans les carcans politiques. Regardez ce qui se fait au grand Paris. Quatre-vingts milliards d’investissements ! L’État ne s’est pas posé de questions. Lyon ne mérite pas le même regard que Paris ? Ces dix dernières années on s’est endormi sur nos lauriers. Et nous sommes en retard. Regardez Nantes, regardez Rennes ! Quatre-vingt-dix grues en l’air à Rennes ! Notre métro ? Notre métro est le plus court d’Europe ! 33 km de ligne. Ce n’est pas Lyon ça ! On n’est pas capable de mettre de l’argent sur la table ? Notre métropole manque cruellement de transports en commun ! Et l’aéroport ? Il a fallu le donner à Vinci pour que ça marche… C’est grave quand même. Pour moi c’est un problème politique.

 

Votre deuxième thématique pour le livre blanc, c’est l’attractivité de Lyon et sa métropole. Le respect de l’environnement fait partie de l’attractivité ?

Je vous rappelle que Cobaty est la fédération de la construction de l’urbanisme ET de l’environnement. Il faut donner envie aux gens de venir à Lyon. Globalement les élus font le job auprès des entreprises. Mais je crois que les politiques n’ont pas compris les attentes des nouvelles générations. Cadre de vie, flexibilité, le boulot n’est plus une priorité… Il ne faut pas se cacher que les gens ne travaillent plus de la même façon qu’auparavant. Ils veulent pouvoir aller courir au parc à 17h00 avec un air correct, ils veulent pouvoir aller au boulot en tram ou en trottinette… Un exemple : Dijon va acheter 70 bus à hydrogène, Auxerre va en acheter 40, et Lyon annonce tambour battant par la voix du Sytral qu’on va mettre deux bus à hydrogène dans les trois prochaines années… Là encore, comment une métropole comme celle de Lyon n’est pas en avance sur ces sujets ?

 

Qu’est-ce que le président de Cobaty aimerait construire à Lyon ?

Je construirais des infrastructures pour lier les gens, pour donner de la fluidité, créer du lien. Métro, tram, contournement.  Il faut verdir, donner des espaces de vie, ramener les villes périphériques dans le tissu…

 

Cobaty : fédération de la construction de l’environnement et de l’urbanisme, créée il y a 60 ans (4700 membres en France). « C’est la seule corporation qui réunit dans une fédération tous les métiers de l’acte de construire », souligne David Guio, « la FRTP, la FFB, mais aussi les vitriers, les notaires, les avocats, architectes ingénieurs…  On interagit beaucoup avec les ministères, par exemple sur l’économie circulaire, sur le développement des mégapoles, sur les mobilités… Cobaty Lyon Métropole est au conseil de développement de la métropole de Lyon. Il y a 125 associations en France, Lyon est la plus grosse, on interagit beaucoup sur les territoires ».

 

A lire dans le Journal du BTP.